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du peuple. Cependant il voulut s’assurer si l’accusation d’indignité lancée contre lui était la pensée de tout le parti ou le fait de la médisance d’un seul. Il demanda donc aux chefs des Pharisiens de punir le calomniateur selon la rigueur de la loi. Il espérait que le châtiment serait proportionné à la qualité de l’offensé. Mais les Pharisiens n’avaient pas de loi visant le crime de lèse-majesté et ne purent condamner Éléazar qu’à la peine des verges. Le chef des Sadducéens, Jonathan, ne manqua pas d’exploiter cette circonstance et d’attiser la haine dans le cœur de Hyrcan. Il lui fit voir, dans cette indulgence du tribunal, le mépris des Parisiens pour son autorité, et l’amena ainsi à rompre avec eux et à se rallier aux Sadducéens. Les Pharisiens furent chassés des hauts emplois qu’ils occupaient. Dans le temple, au Grand Conseil et dans les tribunaux, les fonctions furent confiées aux Sadducéens. Ce coup d’État eut les suites les plus douloureuses. Les Pharisiens et le peuple qui leur était attaché vouèrent dés lors à la famille des Hasmonéens une haine profonde, qui fut le germe de la guerre civile et de la ruine de la nation.

Hyrcan ne survécut pas longtemps à cet événement, il mourut dans la trente et unième année de son règne, à l’âge de soixante ans (106), laissant cinq fils : Aristobule, Antigone, Alexandre, Absalon et un cinquième dont le nom ne nous est point parvenu. Son règne offre encore ce point de ressemblance avec celui de Salomon, qu’il fut suivi immédiatement de déchirements intérieurs.