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bords de l’Euphrate. Des Jérusalémites se rendaient parfois chez leurs frères de la Gôlah (comme on nommait les Juifs de Babylonie), pour leur exposer les misères du pays et réclamer leur assistance ; et plusieurs de ces derniers, de temps à autre, se rendaient à Jérusalem pour porter des dons à son temple et retremper dans le saint lieu leur conscience religieuse. Si des Judéens étaient emmenés en captivité ou vendus comme esclaves, leurs frères s’en mettaient en peine et n’épargnaient aucun sacrifice pour obtenir leur délivrance. Ils étaient en situation de pouvoir aider et soutenir leurs coreligionnaires, car ils vivaient généralement dans l’aisance, et le vaste empire des Perses offrait un champ considérable à leur activité. Lorsque Suse fût devenue résidence royale et que Babylone perdit son importance, des membres de la communauté judéo-babylonienne émigrèrent vers l’Orient, dans l’empire perse, s’établirent notamment à Suse et y formèrent de nouveaux groupes. Le quatrième roi des Perses, Artaxerxés (464-423), les traita favorablement, comme avait fait son aïeul Darius. Un Judaïte distingué par sa bonne mine et par son intelligence, Néhémie, devint son échanson et acquit, en cette qualité, une grande influence à la cour. Le roi et son épouse principale, Damaspia, lui témoignaient beaucoup de bienveillance et lui accordaient souvent ses demandes, qu’il savait d’ailleurs présenter sous une forme engageante. Grâce à lui et à quelques autres Judaïtes, bien vus à la cour, les communautés de Perse et de Babylonie eurent à se louer de leur situation.

Or, les Judaïtes vivant à l’étranger, jaloux de conserver leur individualité et leur caractère national, se tenaient isolés de la société ambiante, ne se mariaient qu’entre eux et faisaient de la doctrine traditionnelle la règle exclusive de leur conduite. Premièrement parce qu’ils vivaient dans un milieu étranger, loin de la mère patrie, ils se faisaient une loi d’être et de rester Judaïtes, scrupuleux observateurs de leur doctrine, lien puissant qui maintenait l’unité nationale. S’il ne leur était pas possible d’offrir des sacrifices ni de pratiquer, en général, les préceptes relatifs au temple, ils n’en pratiquaient qu’avec plus de zèle ceux qui ne dépendent pas de la présence du sanctuaire, le sabbat, les fêtes, la circoncision et les lois alimentaires. Sans aucun doute, ils avaient