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du nazir, qui ne pouvait la recouvrer que par le bain légal ou même par des sacrifices. L’Essénien était donc forcé d’éviter tout commerce avec des personnes de vie moins austère, à cause des souillures que leur contact pouvait causer. Les mêmes raisons les obligeaient à ne frayer qu’avec ceux qui partageaient leurs idées. Ils se trouvaient donc dans la nécessité de se grouper et de former un ordre dont la première règle fût la stricte observance des soins de la pureté la plus absolue. Pour être plus sûrs que les lois de pureté avaient été observées dans la préparation des aliments, dans la fabrication des vêtements, des outils ou des autres objets qu’ils achetaient, ils ne pouvaient en accepter que de la main des membres de leur ordre. Mis en rapports continuels les uns avec les autres par la règle même de leur ordre, ils jugèrent avantageux de prendre leurs repas en commun, afin de pouvoir se passer plus facilement de toute assistance étrangère. Il y avait là aussi, sans doute, le désir d’imiter, comme un idéal typique, le repas pascal, qui ne pouvait être consommé qu’en famille (haboura). La société des femmes était presque impossible aux Esséniens, à cause du danger qu’ils auraient couru, à chaque instant, de contracter la souillure légale, qu’un simple contact pouvait produire. Ainsi, de conséquence en conséquence, les Esséniens arrivèrent à mépriser le mariage, ou du moins à le fuir. Mais comment sauront-ils se maintenir dans la société, avec leurs scrupules excessifs, pendant les périodes de guerre ? Amis ou ennemis, Judéens comme païens, n’étaient-ils pas souillés par le contact des morts tombés dans les combats, et toutes leurs précautions ne se trouvaient-elles pas ainsi réduites à néant ? Cette crainte peut avoir inspiré aux Esséniens la pensée de se retirer dans la solitude, où le tumulte de la guerre et ses suites funestes à leur état de pureté, ne pourraient les atteindre. Ils choisirent pour leur résidence l’oasis d’En-Gadi, à l’ouest de la mer Morte. Les dattiers qui foisonnaient dans cette contrée leur procuraient une partie de leur nourriture, d’ailleurs très simple et très frugale. Cependant tous les Hassidéens ne suivaient pas la règle des Esséniens. En dehors des membres de l’ordre établis à En-Gadi, il y avait un certain nombre de non affiliés qui vivaient dans leurs familles. A ceux-ci le mariage était