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notamment la destruction du temple de Garizim, comptèrent comme autant de triomphes du judaïsme sur ses ennemis, sanctionnés par les représentants de la religion et transmis aux générations futures par des solennités semblables à celles qui devaient rappeler le souvenir de la dédicace du temple. Le sentiment religieux se maintint toujours au fond de toutes les manifestations, jusque dans l’abus qu’on en fit en imposant par la force le judaïsme aux païens. Cependant les convictions religieuses s’éclairèrent au libre contact du monde réel. L’expérience acquise des habitudes de la vie sociale produisit des scissions. Les Hassidéens s’étaient retirés du théâtre des événements et, afin de ne pas rester en contact avec le monde, vivaient dans des solitudes où ils pouvaient se livrer tranquillement à la vie contemplative. Ils y formèrent un ordre spécial, ayant des mœurs et des idées particulières, et ils reçurent le nom d’Esséniens. Cependant tous les Hassidéens ne suivirent pas cet exemple. La plupart d’entre eux considéraient comme un devoir, tout en observant rigoureusement les prescriptions religieuses, de consacrer leurs forces à l’indépendance nationale. De là naquit une scission : une fraction des Hassidéens se forma en parti national religieux, qui se sépara des Esséniens en tant que ses membres ne craignaient pas de vivre au cœur des événements et d’y prendre une part active. Ce parti, plus nombreux, commença dès cette époque à porter le nom de Pharisiens (Parouschim). Mais ces hommes, qui étaient l’âme de la nation, et qui avaient surtout à cœur la conservation du judaïsme dans sa forme traditionnelle, devaient apprécier les affaires publiques, les mesures politiques, enfin toutes les manifestations de l’activité nationale, au point de vue des exigences religieuses. Ceux qui se trouvaient à la tête des affaires militaires ou diplomatiques et qui avaient acquis la conviction que les intérêts temporels ne peuvent pas toujours se plier aux lois de la religion, ne pouvaient guère entrer dans ces vues. Ainsi se forma un tiers parti, le parti des Sadducéens (Tsadoukim), qui, tout en restant fidèles à la religion, donnaient le pas à l’intérêt national. De ces trois partis, les Esséniens, les Pharisiens et les Sadducéens, les deux derniers seuls exercèrent dés le début une influence considérable sur la marche des événements. — On ne peut guère déterminer le moment précis