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berceau de sa famille. C’était un grand bâtiment dans le style grec, en marbre blanc et poli. Tout autour couraient des colonnades artistement travaillées ; des armes de toute espèce, surmontées de navires, étaient sculptées dans la pierre des colonnes. Sur le faite de l’édifice s’élevaient sept pyramides en souvenir des fondateurs de la famille et de leurs cinq fils. Le mausolée avait une hauteur si considérable qu’on l’apercevait de la haute mer.

Mais cette époque se distingue plus encore par la prépondérance et le développement des éléments propres à la nation que par l’assimilation d’éléments étrangers. La langue hébraïque, qui, depuis le contact avec des peuples asiatiques, avait été remplacée par la langue araméenne, ressuscita en quelque sorte comme langue populaire. Les monuments sacrés que la nation put sauver de la ruine, et dont elle s’inspira souvent, la rendirent chère à son cœur. La langue sainte fut employée pour la composition des nouveaux psaumes, pour les inscriptions des monnaies, pour la rédaction des actes publics ; elle fut aussi usitée pour les chants du peuple. La langue hébraïque, bien qu’elle empruntât à l’araméen ou au grec bon nombre d’expressions usuelles, montra tellement de vigueur et de sève qu’elle s’enrichit encore de mots nouveaux et s’appropria les éléments étrangers en y mettant sa marque personnelle. A partir de cette époque, la langue porte le nom d’hébreu moderne, qui se distingue de l’hébreu ancien par la clarté et le naturel, s’il lui est inférieur pour l’élévation et l’élan poétique. Les chefs de la communauté et les hommes d’État comprenaient, du reste, le grec. Les premiers en avaient besoin pour leurs rapports avec les rois de Syrie ; et les ambassadeurs envoyés auprès de ces princes ou auprès du sénat romain étaient obligés de s’exprimer en grec. Les noms propres grecs refleurirent plus que jamais.

Le changement survenu dans les esprits à la suite des événements politiques se manifesta plus clairement sur le terrain religieux que dans le domaine des mœurs et de la littérature. Toutes les conquêtes faites depuis Jonathan peuvent être envisagées comme faites dans l’intérêt de la religion. Les revers des Syriens, l’expulsion des Hellénistes, la soumission des Iduméens et