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du despotisme. Dans une certaine mesure, le sentiment religieux s’élevait aussi contre elle. En effet, avec ses hautes tours, construites par les Syriens pour surveiller la ville, elle dominait la montagne du temple, et cela ne pouvait être admis. La prophétie, d’Isaïe portant que dans les derniers jours la montagne du temple dépasserait toutes les autres et serait plus haute que toute hauteur, signifiait, grâce à une interprétation littérale, que les montagnes et les édifices devaient avoir une hauteur moindre que celle du temple. Siméon dut compter avec ces sentiments, même s’il ne les partageait pas. D’un autre côté, l’Acra était un endroit excellent pour y loger des soldats et y placer des armes. Il parut donc imprudent de raser complètement la citadelle. Siméon et son conseil adoptèrent un moyen terme. On rasa les tours et les remparts, ce qui coûta, dit-on, trois années de travail au peuple. Les murailles et les cours subsistèrent ; mais l’odieux nom d’Acra ou d’Acropolis fut remplacé par l’ancien nom de Birah (Baris) que Néhémie avait imaginé. C’est dans cette citadelle ainsi transformée que les guerriers judéens avaient leurs quartiers de cantonnement et leur arsenal. Siméon lui-même bâtit sa demeure dans la Birah, au milieu de ses soldats. Son fils Johanan (Jean) fut nommé par lui gouverneur du district maritime de Gazara.

Quoique la situation fût favorable à Siméon, car les querelles des deux prétendants à la couronne, qui s’affaiblissaient l’un l’autre, lui donnaient du repos, il dut cependant rester en armes. Ayant accordé son appui à l’un de ces princes, Antiochus Sidétès, il en obtint la confirmation des privilèges octroyés par son frère (140) sous la pression de la nécessité. En outre, il obtint le droit de battre monnaie, preuve significative de son indépendance reconnue.

Ainsi qu’il arrive souvent, la même main qui avait planté l’arbre de la liberté y déposa aussi le germe destructeur. Uniquement guidé par l’intérêt immédiat, n’ayant pas cette intuition des anciens voyants inspirés, qui s’étendait au delà des bornes du présent, Siméon crut assurer l’indépendance si péniblement conquise en la mettant sous la protection de ce peuple, que la soif des conquêtes avait transformé en nation liberticide par essence. Pour échapper aux provocations sans cesse renaissantes des