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leurs sacrifices, allumer les lampes du chandelier sacré et offrir les pains de proposition. Cet exposé, qui évitait avec un soin si délicat tout ce qui pouvait blesser les susceptibilités, parait avoir produit une bonne impression sur les Judéens d’Égypte. Eux aussi se réjouirent de l’indépendance reconquise, et l’année où celle-ci fut rétablie eut à leurs yeux une importance particulière.

Le deuxième acte considérable de Siméon fut de chasser le reste des hellénisants qui se trouvaient encore dans l’Acra de Jérusalem et dans deux autres places fortes, et de détruire leur influence. L’une des deux forteresses se rendit à discrétion. Siméon permit aux hellénisants d’en sortir librement ; puis il fit enlever de leurs maisons les simulacres païens. Quant aux hellénisants de l’Acra, ils s’y étaient fortifiés au point qu’il fallut faire un siège en règle et les prendre par la famine. Après la victoire, les Judéens entrèrent dans l’Acra au son des instruments et en chantant des cantiques. En souvenir de la prise de l’Acra, on institua en ce jour une fête annuelle (23 iyar 141). L’expulsion des hellénisants de la forteresse de Bethsour s’accomplit sans difficulté. Beaucoup d’entre eux paraissent avoir cherché un refuge en Égypte ; d’autres renoncèrent à leurs habitudes païennes et furent admis dans la communauté. Ceux qui persistèrent dans leurs erreurs furent victimes du zèle de l’orthodoxie triomphante. Ainsi disparut, jusqu’aux dernières traces, ce parti ennemi qui, pendant près de quarante ans, avait ébranlé les fondements du judaïsme et qui, pour sauver sa défection, avait déchaîné sur le peuple le fléau de la guerre civile et étrangère et poussé le pays au bord de l’abîme.

Les deux villes de Bethsour et de Gazara, que Siméon avait enlevées aux hellénisants, furent transformées par lui en forteresses destinées à couvrir le pays. La prise du port de Joppé (Jaffa) fut aussi très importante. La possession de ce port de mer devint pour l’État judaïque une source abondante de revenus. Les droits de douane, que les rois de Syrie avaient établis, à l’entrée et à la sortie, sur les produits et les marchandises, revinrent désormais aux Judéens. Contre l’Acra, retombée en son pouvoir, le dernier des Hasmonéens prit une mesure spéciale. L’Acra ne pouvait rester debout, car la colère populaire s’attachait surtout à cette citadelle