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cruauté qui s’appelait Physcon. Cependant la veuve du roi, Cléopâtre, qui, pendant la minorité de son fils, tenait les rênes du gouvernement, avait également des partisans. Onias lui était particulièrement attaché et, quand la guerre éclata entre elle et son frère, il y prit part en lui amenant une troupe judaïque recrutée dans le territoire d’Onion. A la fin, une convention fut signée entre les deux partis, stipulant que Physcon épouserait sa sœur Cléopâtre et partagerait le pouvoir avec celle-ci (145). Cette union incestueuse fut très malheureuse. Aussitôt après l’entrée de Physcon à Alexandrie, le jour même de son mariage avec Cléopâtre, il fit mettre à mort le jeune héritier du trône et tous ses partisans. Dès lors, la mésintelligence régna entre le roi et la reine, entre le frère et la sœur. Le ventru impudique et sanguinaire alla jusqu’à violer la fille de sa femme ; il répandit le sang et la terreur dans Alexandrie, dont les habitants prirent la fuite en grande partie. Pouvait-t-il épargner les Judéens, qu’il savait dévoués à son odieuse épouse ? Quand il apprit qu’Onias rassemblait une armée pour mettre Cléopâtre à l’abri de ses insultes, il ordonna à ses soldats d’arrêter tous les Judéens d’Alexandrie, hommes, femmes et enfants, de les garrotter et de les exposer ensuite tout nus sur une place publique pour les faire écraser sous les pieds des éléphants. Afin de les exciter contre leurs victimes, il fit enivrer les animaux destinés à cet usage. Alors se produisit un fait qui, aux yeux des malheureux Judéens, passa pour un miracle. Les bêtes ivres prirent leur course dans la direction opposée, où les gens du roi se tenaient, pour se repaître du spectacle promis, et en tuèrent un grand nombre. Ce fut le salut des Judéens.

En mémoire de cette délivrance providentielle, ceux-ci firent de ce jour un jour de fête annuelle. A partir de ce moment, il ne semble pas que Physcon ait inquiété de nouveau les Judéens ; car c’est précisément sous son règne que se développa en eux le goût de l’étude et des spéculations de l’esprit, et que se produisirent des écrivains qui purent travailler librement sur des sujets judaïques. Physcon était lui-même un écrivain : il composa des mémoires l’histoire et de physique. On prétend qu’il eut pour maître un Judéen du nom de Juda (?)Aristobule.