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depuis le règne d’Alexandre. A l’exemple des Judéens, ces Samaritains d’Égypte s’approprièrent la langue et l’esprit des Grecs.

Même à l’étranger, l’antipathie mutuelle des partisans de Jérusalem et de ceux du Garizim persista. Ils se combattirent avec l’ardeur que déploient des hommes d’une même religion, quand, éloignés de leur patrie, ils ont à défendre leurs traditions natives. La version du Pentateuque en grec vint jeter au milieu d’eux de nouveaux brandons de discorde. Ce qui irritait surtout les Samaritains, c’est que la version des Septante ravalait la sainteté de leur sanctuaire par l’omission du verset : Tu bâtiras un autel sur le Garizim. Les Samaritains d’Alexandrie essayèrent de protester contre la traduction en général ou plutôt contre cette prétendue falsification du texte. Comme quelques-uns d’entre eux étaient en faveur à la cour, ils obtinrent de Philométor qu’une discussion solennelle eût lieu entre les deux partis religieux, où la question du degré de sainteté des temples samaritain et judaïte devait être tranchée. Ce fut la première controverse de religion qui fût soutenue devant un prince temporel. On ne peut plus guère savoir au juste quelles en furent les phases et l’issue, les documents y relatifs ayant tous un caractère légendaire. Chaque parti voulut s’attribuer la victoire et grossir les avantages obtenus. Du reste, les controverses religieuses n’ont jamais amené de résultat bien sérieux.

Les Judéens d’Alexandrie, qui, sous le règne de Philométor, avaient joui d’un ciel sans nuages, virent bientôt leur horizon s’assombrir pour quelque temps. Comme si la jeune communauté et la communauté mère avaient été unies par un lien mural, toutes deux virent succéder à une ère de bonheur des jours de tristesse. La défaite de Jonathan plongea la Judée dans le deuil. En Égypte aussi, un changement de règne produisit une catastrophe. Après la mort de Philométor, bien que celui-ci eût laissé un héritier du trône, son frère Physcon, Ptolémée VII, qui avait partagé le pouvoir avec lui pendant plusieurs années et qui avait même travaillé à sa chute, songea à s’emparer de la couronne. La population d’Alexandrie, à l’esprit volage, faible et sceptique, était toute disposée à reconnaître comme roi le monstre de laideur et de