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Philométor. Une nouvelle rupture survint donc entre les deux frères et la guerre éclata. Philométor osa braver Rome, qui prit parti pour Physcon. Mais il manquait de soldats, car la population grecque d’Alexandrie, au milieu de tous les vices inhérents au caractère hellénique, poussait l’irrésolution et le manque de fermeté au plus haut degré. Ce qui faisait surtout défaut à Philométor, c’étaient de bons généraux. Dans cette extrémité, il confia le commandement de l’expédition contre son frère aux Judéens émigrés, Onias et Dosithée : sans doute ceux-ci avaient déjà donné des preuves de leurs capacités. La population judaïque de l’Égypte se rangea comme un seul homme du côté de Philométor. Grâce à l’habileté des deus généraux judéens, Philométor réussit à affaiblir son frère à tel point qu’il aurait pu le réduire pour jamais à l’impuissance. Depuis cette époque (153), Onias et Dosithée restèrent en grande faveur auprès de Philométor et conservèrent le commandement suprême de son armée.

Séparés de leurs concitoyens indigènes par des lois particulières, par leur manière de vivre, les Judéens devaient s’estimer heureux d’avoir à leur tête un homme qui avait assez d’autorité pour les maintenir en faisceau et les constituer en un corps ayant son caractère propre. Onias devint ainsi une sorte de chef suprême ou d’ethnarque des Judéens. Fut-il désigné à ce poste par les gens de sa race et leur choix confirmé par Philométor en reconnaissance de ses services ? ou bien le prince lui accorda-t-il spontanément cette dignité ? Peu importe. Les fonctions d’Onias acquirent bientôt une haute importance.

L’ethnarque avait le droit de diriger les affaires intérieures de la communauté, d’exercer la judicature et de veiller au respect des traités. Il représentait les siens vis-à-vis de la couronne et il était chargé de leur faire connaître les ordonnances royales qui les concernaient. La dignité d’ethnarque, qui eut dans Onias son premier titulaire, offrait aux Judéens de l’Égypte entière des avantages trop nombreux pour qu’ils hésitassent à la reconnaître. Grâce à elle, ils pouvaient former une compacte unité sous la direction d’un chef revêtu d’un titre princier. Une nouvelle création vint encore consolider cette unité. Malgré toute la considération dont Onias jouissait à la cour de Philométor et parmi ses frères, il ne pouvait se faire