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DEUXIÈME ÉPOQUE


L’APOGÉE




CHAPITRE VI


LES PRINCES HASMONÉENS
(160-142)


Lorsque Juda Maccabée eut exhalé sa grande âme sur le champ de bataille d’Eleasa, la nation entière prit le deuil, et véritablement elle était devenue orpheline. L’immense élan qui avait enfanté tant d’exploits prodigieux, suscité tant de poètes avec leurs strophes enflammées, cet élan extraordinaire ne pouvait, en raison même de sa nature fiévreuse, durer indéfiniment, et une détente graduelle devait fatalement lui succéder. Un peuple entier ne peut rester sans cesse sous les armes, pour repousser des hostilités sans cesse renouvelées. D’ailleurs, le principal grief qui lui avait mis les armes à la main n’existait plus, et les Judéens avaient, dans un sens, gagné définitivement leur cause : ils n’étaient plus contraints, désormais, de renier le Dieu d’Israël et de sacrifier à Jupiter. Le traité conclu par Juda Maccabée avec le jeune roi Antiochus Eupator et son tuteur Lysias, traité qui garantissait aux Judéens la liberté religieuse, avait été respecté par Démétrius Ier, successeur de ce prince. On pouvait sacrifier dans le temple de Jérusalem selon les prescriptions de la Loi, et si Yakim ou Alcime, — le grand prêtre institué par Démétrius, — n’était pas précisément cher au peuple, toujours est-il qu’à la différence de son prédécesseur Ménélaüs, il était de race sacerdotale pure. Le parti helléniste et anti-judaïque détenait toujours, il est vrai, la citadelle de l’Acra,