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confiance avec des propositions d’accommodement. Ces propositions auraient paru acceptables à Juda et à ses amis, et, par suite, une entrevue aurait eu lieu entre lui et Nicanor. Ce dernier, en faisant la connaissance personnelle du héros judéen, aurait conçu pour lui une si vive admiration, qu’il lui aurait conseillé de prendre femme, une fois la paix conclue, afin de faire souche de héros. Mais cette bonne intelligence aurait été troublée par Alcime, qui lui aurait dénoncé Nicanor comme jouant un double jeu, favorisant son ennemi Juda et projetant même de le faire nommer grand prêtre. Sur quoi, le roi aurait ordonné catégoriquement à Nicanor de cesser tous ces pourparlers, et de lui amener Juda, pieds et poings liés, à Antioche.

Quoi qu’il en soit, ce dernier, dont un avis secret avait éveillé la défiance, s’était prudemment mis à l’abri dans la montagne. Nicanor l’y suivit avec ses troupes ; une rencontre s’engagea prés de Kapharsalama, dans le voisinage de Samarie. L’armée de Nicanor fut défaite et contrainte de se retirer dans l’Acra. Nicanor, furieux de cet échec, recommença la guerre avec un effort désespéré. Son grand souci était de s’emparer de la personne de Juda Maccabée, qui pour lui valait une armée. Il se rendit donc sur la montagne du temple, pour ordonner qu’on lui livrât le héros. Les prêtres et les membres du grand Conseil, avec force prévenances et démonstrations d’amitié, représentèrent qu’ils prouvaient assez leur fidélité au roi en offrant journellement des sacrifices à son intention. Lui, hautain et railleur, leva la main, avec un geste de menace, dans la direction du temple et jura qu’il y mettrait le feu, si on ne lui livrait Juda. Pour y mieux déterminer les Judéens, il fit saisir et garda comme otage un des hommes les plus considérés de Jérusalem, le pieux Raghés ou Razis, si universellement aimé qu’on l’appelait le Père des Judéens. Mais, à l’approche des licteurs, Raghès, dit-on, se tua lui-même. Nicanor, suivi d’une nombreuse armée, s’acharna de plus belle à chercher Juda dans la montagne. Il établit son camp prés de Béthoron. Juda, de son côté, avait rassemblé trois mille de ses partisans les plus courageux. On livra bataille, et, cette fois encore, la bravoure judaïque triompha du nombre. Dès le premier engagement, Nicanor perdit la vie, et son armée éperdue se débanda. Partout où passaient