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ils avaient à leur tête un prêtre, un certain Yakim, — en grec Alkimos (Alcime), — Helléniste déclaré ou hésitant, on ne le sait pas au juste. Neveu, parait-il, d’un docteur respecté, José, fils de Joézer, il flattait néanmoins le parti des novateurs. Il était exaspéré de se voir, à cause de son passé, mis à l’écart, exclu de l’autel et du temple. Accompagné de ses amis, et se faisant — ajoutait-on — précéder d’un pont d’or, il se rendit chez Démétrius, lui dépeignit, sous les plus sombres couleurs, la situation de la Judée, et en attribua la responsabilité à Juda et aux Hassidéens. C’est Maccabée que visait, par-dessus tout, l’accusation : tant que Maccabée resterait vivant, point de paix à espérer pour le pays ! — Cette démarche ne pouvait que plaire à Démétrius : elle lui donnait l’occasion de faire valoir son autorité sur ce petit pays, à moitié détaché de la Syrie. Il ne voulait point, à la vérité, comme l’avait fait son oncle, tyranniser la conscience religieuse ; mais, en instituant un grand prêtre de son choix, en même temps chef politique de l’État, il montrait à la Judée qu’elle avait un maître. Pour décourager toute contradiction et toute résistance, il envoya à Jérusalem, à la tête d’une troupe, un guerrier rude et intraitable, Bacchidès. Le plénipotentiaire syrien entrai dans Jérusalem avec des allures pacifiques et le sourire aux lèvres ; mais Juda, ses frères et ses fidèles partisans, n’en furent pas dupes.

Bien certains qu’on méditait leur mort et l’asservissement du pays, ils abandonnèrent la capitale et se réfugièrent, comme autrefois, dans la montagne. Les Hassidéens, plus candides, se laissèrent prendre aux apparences. Alcime était de la race d’Aaron, il n’en fallait pas davantage pour mériter leur confiance. Une réunion de docteurs de la Loi, peut-être le grand Conseil tout entier, se rendit auprès de Bacchidès et d’Alcime pour les assurer de sa fidélité et de ses sentiments pacifiques, pour les supplier de rendre le repos au pays et de mettre enfin un terme aux violences, qui conduisaient la société à la barbarie. Le nouveau grand prêtre protesta n’avoir, lui aussi, d’autre pensée que la paix et la prospérité du pays, et appuya d’un serment cette assurance.

Mais une fois maître du temple et de la ville, il ordonna — ou il conseilla à Bacchidès — de faire massacrer, en un seul jour, soixante des Hassidéens ralliés à lui, parmi lesquels vraisemblablement