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des îles et des côtes grecques où les avaient poussés soit l’émigration volontaire, soit les hasards de l’esclavage, accouraient une multitude d’exilés juifs, avides de se presser autour de Jérusalem, comme des enfants autour de leur mère revenue à la vie. Des étrangers même de toute nationalité, « grands et petits », humbles ou puissants, se joignirent à eux en assez grand nombre et nouèrent avec eux d’étroites relations. C’étaient ceux qui rendaient sincèrement hommage au Dieu d’Israël et qui désiraient fermement suivre sa doctrine. On les accueillit avec joie. La présence de ces prosélytes apportait une certaine force à la communauté naissante, mais cette dernière y puisait surtout la confiance en elle-même.

À l’approche du septième mois, dans lequel le code sacré et l’antique usage ont placé plusieurs fêtes, les chefs de famille de toutes classes s’assemblèrent à Jérusalem et, sous la direction des deux principaux dignitaires, — le gouverneur Zorobabel et le grand prêtre Jésua, — procédèrent à la première œuvre de réorganisation : ils érigèrent un autel. Cet autel était comme la première assise du temple que, dès l’origine, on avait résolu de relever pour en faire le point central de l’organisme nouveau ; mais le manque de matériaux n’en permettait pas encore l’édification.

Les chefs du peuple se mirent en mesure de la préparer. Grâce aux riches offrandes qu’on leur avait remises, ils purent louer des ouvriers et des hommes de peine ; faire extraire et tailler des pierres, amener du Liban des troncs de cèdre comme avait fait Salomon. — Lorsqu’on disposa d’une quantité suffisante de matériaux, on procéda à la pose de la première pierre. Non seulement les chefs de la nation, mais ceux des familles et une foule considérable assistèrent à cette cérémonie, qui se fit avec une solennité particulière. Les Aaronides se montrèrent de nouveau dans leur costume sacerdotal et sonnèrent de la trompette ; les Lévites chantèrent un hymne de reconnaissance célébrant la grâce de l’Éternel, et le peuple salua de ses acclamations joyeuses l’avènement du jour si longtemps attendu. Des voix chagrines, il est vrai, se mêlaient aux cris d’allégresse, à la vue de ce temple moins grand et moins riche que celui de Salomon ; mais les cris d’allégresse dominaient le bruit de la plainte.