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victimes de la persécution, se réveilleront pour la vie éternelle. — Il y avait donc, à tout prendre, une prophétie de l’avenir, bien qu’il n’y eût point de prophète...

Cependant le péril grandissait de jour en jour. Lorsque Antiochus, à la tête d’une partie de son armée, s’était mis en marche pour l’Orient, son lieutenant Lysias avait désigné pour général en chef Ptolémée, fils de Dorymène, commandant de Cœlé-Syrie et de Phénicie, ayant sous ses ordres, comme généraux en second, Nicanor, fils de Patrocle, et Gorgias. Celui-ci reçut l’ordre d’ouvrir la campagne contre les Judéens, et ordonna à ses troupes — qu’on évaluait, non sans exagération, à quarante mille hommes, non compris la cavalerie — de pénétrer, en longeant le littoral, jusqu’au cœur de la Judée. Les Samaritains, les Philistins, tous les ennemis jurés d’Israël, se mirent à sa disposition. Il était si assuré de vaincre, qu’il invita les marchands d’esclaves à se rendre dans son camp avec leurs bourses et des chaînes, destinées aux Judéens qu’il comptait leur vendre. Le commandant syrien trouvait plus judicieux de les exploiter que de les tuer.

Tandis qu’on traitait ainsi de leurs personnes, les guerriers Judéens, déjà au nombre de six mille, se serraient autour de Juda Maccabée, leur glorieux chef. Ce dernier, avant de les conduire à l’ennemi, voulut exalter en eux cet esprit de sacrifice qui fait les héros. Il les réunit en assemblée solennelle sur la hauteur de Mispah... Curieuse coïncidence ! Neuf siècles auparavant, à la même place, dans un même péril public, le prophète Samuel avait pareillement convoqué les Hébreux pour l’élection d’un chef, qui devait les conduire, lui aussi, contre un ennemi acharné à leur perte. Si d’ailleurs Mispah fut choisi par Juda Maccabée comme lieu de prière, c’est que cette même ville, après la destruction de Jérusalem, avait servi de centre aux débris du peuple israélite gouvernés par Godolias et qu’elle avait aussi, à cette époque, un petit temple. — Une grande multitude y accourut des villes voisines pour prendre part à la pieuse solennité. Vêtue de deuil, en proie à une profonde émotion, l’assemblée observa tout le jour un jeûne rigoureux, et, avec toute la ferveur de cœurs oppressés, implora la miséricorde et la protection de son Dieu. On déploya un rouleau de la Loi, qui accompagnait partout la troupe judaïte,