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troubles ? Au début, il s’était peu inquiété des Judéens, persuadé que ses édits suffiraient pour les mater et les amener à ses vues de conversion religieuse. Mais il reconnut bientôt qu’il avait mal jugé leur caractère, lorsqu’il eut appris Ies échecs successifs de ses troupes et que le nom glorieux de Juda vint frapper son oreille. Tout d’abord, dans la première explosion de sa colère, il résolut d’en finir une bonne fois avec ces rétifs Judéens. Mais ce n’était pas chose facile à exécuter. Ses garnisons n’étaient pas fortes, et il faudrait les compléter par des troupes mercenaires. Pour s’en procurer, il fallait de l’argent, et l’argent tombait de plus en plus rare dans ses caisses, ses folles dépenses surpassant de beaucoup ses revenus. Les contributions du pays de Juda, il n’y fallait point compter : la guerre les avait supprimées. D’autres préoccupations encore venaient l’assaillir. Arsace, son satrape au pays des Parthes, s’était affranchi de la domination syro-babylonienne et déclaré libre, lui et son peuple. Artaxias, roi d’Arménie, peu soucieux de la suzeraineté d’Antiochus, agissait désormais en prince indépendant. Les habitants d’Aradus et d’autres villes phéniciennes lui refusaient, eux aussi, l’obéissance. Autant de pertes nouvelles pour le trésor royal. Pour combler le déficit, il fallait guerroyer avec les peuples réfractaires, et, pour faire la guerre, il lui fallait de l’argent. Il tombait ainsi d’un embarras dans un autre.

Le roi maniaque réussit toutefois à réaliser une somme qui lui permit d’engager des troupes mercenaires pour une durée d’un an. De ces troupes, il comptait employer la moitié à une campagne qu’il dirigerait lui-même contre les peuples insoumis de delà l’Euphrate ; il confia le commandement de l’autre moitié à un dignitaire de sang royal, nommé Lysias, qu’il institua son lieutenant et chargea de l’éducation militaire de son jeune fils. Du reste, ses vues à l’égard du peuple judéen étaient tout autres à présent. Il ne tenait plus à le gréciser. A ses charitables efforts pour le relever par l’assimilation hellénique, ce peuple avait répondu par d’insolents dédains ; il avait poussé l’audace jusqu’à attaquer les armées de son bienfaiteur ; il s’était montré indigne du bienfait, il était décidément incorrigible ! Il n’y avait qu’une chose à faire : l’exterminer sans merci, l’anéantir ! — Lysias reçut donc l’ordre de marcher contre la Judée avec le corps d’armée qu’il commandait,