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Jérusalem envoyait un corps important à la poursuite des Judéens rebelles, ils disparaissaient comme par enchantement et devenaient introuvables. Bref, c’est la petite guerre que faisait Mattathias, guerre qui n’est possible que dans les pays de montagnes et qui parfois y triomphe des plus puissants ennemis.

Quand approcha la dernière heure du vieux Mattathias (167), ses fidèles combattants n’avaient pas à se mettre en peine de son successeur ; ils n’avaient que l’embarras du choix entre les cinq héros qui étaient ses fils. Le vieillard mourant désigna l’un des aînés, Siméon, pour le conseil, et Juda, le plus jeune, pour l’exécution et le commandement ; puis, dans un discours qui empruntait à la situation et à l’heure présente une grande puissance d’impression, il les exhorta à sacrifier leur vie pour l’alliance antique et à combattre les combats du Seigneur.

La remise du commandement aux mains de Juda Maccabée accrut encore le succès de la résistance. Juda était un héros comme la maison d’Israël n’en avait pas encore vu depuis David et Joab, qu’il surpassait d’ailleurs en vertus et en sentiments élevés. Il s’échappait de son âme comme d’invisibles effluves qui électrisaient tous ses compagnons et les remplissaient d’un indomptable courage. Il avait, de plus, cette sûreté de coup d’œil par laquelle les grands capitaines savent juger l’heure opportune du combat, découvrir le côté vulnérable de l’ennemi et en profiter, ou lui donner le change par de feintes attaques. Si, d’un côté, il était semblable à un lion irrité, il avait, de l’autre, la douceur et la simplicité de la colombe. Humble et pieux comme pas un des meilleurs en Israël, il ne se confiait pas en son épée, mais dans l’assistance divine, qu’il invoquait avant toute bataille décisive. Juda Maccabée était le type du héros israélite, ne se résignant à verser le sang qu’en cas de nécessité, lorsqu’il s’agissait de relever son peuple opprimé et de reconquérir la liberté perdue. Aussi a-t-il attaché son nom à cette période tout entière.

Il procéda d’abord comme avait fait son père, en ne sortant que furtivement ou la nuit pour châtier les apostats, donner du cœur aux hésitants et malmener de petits détachements syriens. Mais quand son parti fut devenu plus considérable, grossi de tous ceux qui jusqu’alors s’étaient résignés à l’oppression par indolence, de