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sortir de leur désespoir inerte, à accepter résolument la lutte, à ne plus se laisser immoler comme des victimes résignées.

Après s’être fait le justicier des bourreaux d’Antiochus, Mattathias s’écria aussitôt : Qui aime la Loi et l’alliance divine me suive ! Sur quoi les habitants de Modin et des lieux voisins se groupèrent autour de lui, et à se mit en quête d’une retraite sûre dans la montagne d’Éphraïm. Là accoururent à lui les derniers Hassidéens, qui avaient pu échapper à la mort, et tous ceux qui avaient dû fuir devant la persécution. Le nombre des défenseurs résolus de la patrie et de la Loi divine grossit ainsi de jour en jour. Mattathias ne leur dissimula point qu’ils auraient de rudes combats à soutenir ; il les exhorta à s’y préparer énergiquement et à faire bon marché de leur vie. Avertie par le sort des Hassidéens, victimes de la dévotion exagérée qui les empêchait de remuer une seule pierre pour leur défense le jour du sabbat, l’assemblée décida qu’à l’avenir toute attaque dirigée contre elle, même au jour du repos, serait repoussée par les armes. Les Hassidéens eux-mêmes, ces hommes d’existence calme et recueillie, accoutumés jusqu’alors à se plonger dans la méditation des Écritures, s’apprêtèrent aux pénibles exercices de la guerre. Sous un chef qui inspire confiance, tout citoyen devient soldat. Or Israël se retrouvait dans la même et sombre situation qu’aux derniers temps de la judicature ; comme au début du règne de Saül, le pays était asservi, les habitants se cachaient dans des souterrains et des cavernes, plusieurs pactisaient avec l’ennemi ; seule, une poignée de braves était prête à couvrir de son corps la patrie agonisante ; mais ces braves n’avaient point d’armes et ne savaient rien de la guerre. Jamais on n’eut moins lieu de se promettre une victoire.

Aussi Mattathias n’eut-il garde, avec une si faible troupe, d’entamer une campagne en règle contre les Syriens. Connaissant tous les coins et recoins du pays, il se bornait à pénétrer à l’improviste dans les villes de province, à y renverser les temples et les autels de l’idolâtrie, à châtier les complices de l’ennemi, à courir sus aux Hellénistes qu’il rencontrait, et à marquer du sceau de l’alliance les enfants restés incirconcis. Peut-être encore, çà et là, si quelque détachement de Syriens se trouvait sur son passage, il les mettait en déroute. Si le commandant de la garnison de