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le fort ; ils purent s’établir dans la partie orientale, sur la colline de Moria.

Après la prise de la forteresse de Sion, David y transféra d’Hébron sa résidence, et elle s’appela désormais la Ville de David. La ville, dans son ensemble, reçut le nom de Jérusalem (Yerouschalaïm), — appellation dont le sens est incertain, — et perdit son ancien nom de Jébus. David permit à ses guerriers et aux gens de sa cour de s’y établir avec leurs familles. Le quartier où les plus vaillants élurent domicile s’appela, par ce motif : Maison des héros (Bet ha-Ghibborim). Tel fut le commencement de cette ville qui, depuis cette époque, devait être et rester pour de longs siècles la Ville sainte. Ériger cette humble localité en capitale fut, en raison des circonstances, une heureuse inspiration. Évidemment Sichem convenait beaucoup mieux comme centre, vu sa situation au milieu des tribus et la fertilité de son territoire ; mais il n’était pas possible que David transportât sa résidence dans cette ville éphraïmite, dont les habitants ne lui étaient pas très sympathiques, mécontents qu’ils étaient d’obéir à un roi issu de la tribu demi barbare de Juda. Par contre, il lui fallait un point d’appui solide dans sa propre tribu, et ce point d’appui il le trouvait dans Jérusalem, située sur la limite de Benjamin et de Juda, et qui, en cas d’insoumission des autres tribus, pouvait lui offrir un refuge protecteur. La contrée, siège de la nouvelle capitale, ne manque pas de fertilité, bien qu’elle ne soutienne pas la comparaison arec celle de Sichem. Dans ses vallons coulent des sources intarissables, celles de Siloé et d’En-Roghel et au sud-ouest, le Ghihon à l’ouest, qui, aux époques sèches de l’année, peuvent fournir d’eau la ville et les champs. Une ceinture de collines, à la fois ornement et défense, entoure de trois côtés Jérusalem. A l’est s’élève la haute montagne des Oliviers, qui doit son nom aux oliviers dont elle est couverte. Au sud, la colline est plus basse, et plus étroite la vallée qui la sépare de la ville : c’est la trop célèbre vallée de Hinnom ou Ghé-Hinnom, ainsi nommée d’un certain Hinnom ou de sa famille, et qui, à son tour, a donné son nom sinistre à l’enfer (Géhenne). A l’ouest, le coteau s’abaisse encore plus et mérite à peine de s’appeler colline. Enfin, au nord, ce n’est plus qu’une