donc, du côté des deux puissances temporelles, aide et appui pour ses vues, et en somme, quant à l’intérieur, la voie lui était aplanie. Mais il avait au dehors de graves difficultés à vaincre, avant de parvenir à une royauté indépendante.
Avant tout, pour avoir ses coudées franches et pour regagner pleinement l’amour du peuple, il fallait rompre avec les Philistins. Une guerre sanglante avec ses anciens alliés était chose inévitable : il fallait en prendre son parti ; toutefois, il n’entama pas immédiatement la lutte : ils étaient encore trop puissants. II voulut d’abord déblayer le terrain d’un autre côté. Au milieu du territoire des Benjamites était une enclave occupée par les Jébuséens. La haute colline de Sion était défendue de trois côtés par des vallées étroites et des remparts artificiels qui la rendaient inaccessible ; le côté le plus ardu était celui du sud, où la paroi de la colline s’élève presque à pic. Les Jébuséens, du haut de cette forteresse, dominaient tout le voisinage et se sentaient invincibles. Ils vivaient, sans doute, sur un pied d’alliance avec leurs voisins de Benjamin et de Juda, puisque nous voyons Saül lui-même les laisser tranquilles sur leur territoire. Mais David jugea utile, avant d’entreprendre la guerre avec les Philistins, de se rendre maître de la forteresse de Sion. Il commença par inviter les Jébuséens à lui céder la place bénévolement et à l’amiable ; peut-être y ajouta t-il l’offre d’une compensation. Mais ceux-ci se moquèrent de sa prétention et lui répondirent ironiquement : Tu ne peux pénétrer jusqu’ici à moins d’écarter les aveugles et les boiteux (car ceux-là mêmes seraient capables de te disputer le passage). Là-dessus, David se mit en mesure d’attaquer le Sion[7] ; il rassembla sa troupe d’élite et promit un prix au plus brave : celui qui le premier, par le flanc escarpé du midi, aurait atteint le sommet de la forteresse, serait nommé général. Animés par cette brillante perspective, les guerriers s’élancent, gravissent à l’envi l’âpre colline ; mais les Jébuséens les accueillent par une grêle de flèches et de quartiers de rocher. Joab réussit enfin à gagner le sommet ; avec l’aide de ses compagnons, il prend d’assaut la forteresse et écharpe ses défenseurs. Les Jébuséens, jugeant toute résistance inutile, se décident à capituler, et David leur accorde la paix. Il leur fut permis de rester dans leur ville, mais non dans