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au secours de son peuple en détresse, maintint son alliance avec les Philistins. Lui aussi, il est vrai, était dans une situation difficile, mais cette situation ne fut connue que plus tard. Pour le moment, ceux qui prenaient à cœur les dangers de la patrie devaient voir avec douleur David faire alliance avec les ennemis, et, pendant qu’Achis s’absentait pour guerroyer avec Israël, protéger en quelque sorte les frontières de ce prince.

Nous avons vu que la défiance des princes philistins avait empêché David de prendre part à leur expédition. De retour à Siklag, il trouva la ville incendiée ; femmes, enfants, tous ceux qui n’avaient pas suivi l’armée, tout avait disparu. Les Amalécites, que les incursions dévastatrices de David avaient forcés de fuir dans le désert, avaient profité de son absence pour entreprendre à leur tour une expédition de pillage. Les guerriers de David, en voyant à leur retour la ville en cendres et leurs familles enlevées, éprouvèrent une si violente douleur, qu’ils s’en prirent à David et le menacèrent de mort. Mais, calmés par la parole du prêtre Abiathar, ils se mirent en hâte, avec leur chef, à la poursuite de l’ennemi ; ils apprirent chemin faisant, par un esclave égyptien, le lieu de campement de la troupe amalécite, l’atteignirent à l’improviste et tombèrent sur elle avec une telle fureur, que la plupart restèrent sur le carreau et qu’un petit nombre seulement, grâce à la vitesse de leurs chameaux, purent échapper. Ivres de leur victoire et rentrés en possession des prisonniers, David et ses hommes retournèrent à Siklag, la rebâtirent et s’y réinstallèrent. Du butin fait sur les Amalécites, David envoya de belles parts aux Anciens de Juda et à ses amis dans nombre de villes, depuis Bersabée jusqu’à Hébron, dans le double but de leur apprendre sa victoire et de les prévenir en sa faveur.

A peine revenu à Siklag, il apprit que l’armée israélite avait subi une effroyable défaite sur le Gelboé, et que Saül et ses fils avaient péri. Sa première impression, à ces lugubres nouvelles, fut celle de la douleur, d’une douleur profonde, en songeant à cette mort fatale du roi et plus encore à la perte de Jonathan, cet ami si tendrement aimé. David ordonna un deuil public pour pleurer la mort du roi et de son ami Jonathan et la défaite du peuple de Dieu. A cette occasion, il prononça une élégie