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clos par Samuel. Mais cette onction, mais cette élection les éveilla instantanément : l’esprit de Dieu reposa sur lui à dater de ce jour. Des sentiments élevés, la conscience de sa force, le courage, l’ardeur entreprenante envahirent tout son être : un instant avait suffi pour faire de l’adolescent un homme.

Samuel retourna à Rama secrètement, comme il en était parti ; mais il ne perdit pas de vue le jeune homme oint par lui, il l’admit dans son école de prophètes. Là, le génie de David prit un plus grand essor ; là, il put se perfectionner dans la musique instrumentale. Mais ce qu’il acquit surtout dans la société de Samuel, ce frit la connaissance de Dieu. Son esprit se pénétra de cette grande idée et s’initia à la sainte habitude de rapporter à Dieu toutes ses actions et toutes ses pensées, de se sentir conduit par sa main, de se consacrer à lui. L’influence de Samuel créa et développa dans son âme une confiance absolue en Dieu.

Il allait et venait fréquemment de Rama à Bethléem, de la compagnie des Lévites aux troupeaux de son père. L’accroissement de courage que lui avaient communiqué son onction et le contact de Samuel trouva déjà l’occasion de s’exercer dans les campagnes de Bethléem, à côté des troupeaux qu’il menait paître. — Mais lorsque, non loin de là, éclata la guerre contre les Philistins, David ne pouvait tenir en place ; et son père l’ayant chargé d’un message pour ses frères, alors à l’armée, il obéit avec joie, heureux de pouvoir se rendre au camp. Là, il donna timidement à entendre qu’il se risquerait bien, quant à lui, à tenir tête à ce misérable Philistin qui osait insulter l’armée du Dieu vivant. Le bruit arriva ainsi aux oreilles du roi qu’un jeune homme s’offrait à combattre le géant. Moitié subjugué, moitié railleur, Saül le lui permit. Il lui offre sa propre armure ; David refuse... La première pierre de sa fronde, lancée d’une main sûre, atteint de loin le lourd colosse lourdement armé ; Goliath tombe de son long. Prompt comme l’éclair, David fond sur lui, arrache son épée du fourreau et lui tranche la tête. Les Philistins, voyant abattu leur champion, qu’ils tenaient pour invincible, s’avouent vaincus, renoncent à continuer la lutte et s’enfuient vers leurs places fortes. Mais le corps des Israélites, exalté par la victoire de David, se met à la poursuite de l’ennemi éperdu.