Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

ordres du roi, à la fois gendarmes et bourreaux. Ces hommes et leur chef ne connaissaient que la volonté royale. Grâce à la présence de ces employés et des troupes régulières, Gabaa, qui jusqu’alors n’avait été qu’une petite ville, peut-être un village, s’éleva au rang de résidence.

Néanmoins Saül, au début, se montra docile et déférant à l’égard du prophète. Lorsque Samuel, de la part de Dieu, lui commanda d’engager une guerre d’extermination contre les Amalécites, il obéit aussitôt et appela tous les soldats aux armes. Les Amalécites étaient, de longue date, ennemis jurés du peuple israélite. Dans son voyage à travers le désert, dans ses premiers pas en Palestine, ils s’étaient montrés cruellement hostiles, et maintes fois ils s’étaient joints aux ennemis d’Israël pour contribuer à l’affaiblir. Leur roi Aqag, du temps de Saül, paraît avoir fait bien du mal à la tribu de Juda : son glaive avait privé beaucoup de mères de leurs enfants. Toutefois, ce n’était pas une mince besogne qu’une expédition contre les Amalécites. Leur roi était un grand homme de guerre, qui répandait partout la terreur ; et ce peuple avait une grande réputation de bravoure et de puissance. Cependant Saül n’hésita pas un instant à entreprendre cette périlleuse guerre, où il paraît avoir déployé autant d’habileté que de courage. Il sut attirer l’ennemi dans une embuscade et réussit par ce moyen à remporter une éclatante victoire. Il s’empara de la capitale, mit à mort hommes, femmes et enfants, et fit prisonnier le redouté Agag. Les guerriers israélites trouvèrent un butin considérable ; mais toutes ces richesses, d’après les instructions de Samuel, devaient être anéanties : il ne devait rester d’Amalec ni vestige ni souvenir. Pourtant les guerriers ne pouvaient se résoudre à vouer à la destruction une si riche capture ; Saül, d’habitude si sévère, laissa le pillage s’accomplir, et, en fermant les yeux sur cette désobéissance au prophète, s’en fit lui-même complice.

Saül n’était pas médiocrement fier d’avoir vaincu un peuple aussi redoutable. Il emmena le roi Agag, chargé de chaînes, comme un trophée vivant. Enivré de son succès, il répudia la modestie qui l’avait distingué jusqu’alors, et, à son retour, il érigea, dans l’oasis de Carmel, un monument de sa victoire. Sur ces entrefaites,