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contre les Ammonites. Samuel ajouta son autorité à cet appel, en déclarant que lui-même prendrait part à l’expédition. L’anarchie de l’époque des juges était désormais vaincue ; une volonté forte s’imposait à tous. Une troupe considérable d’Israélites passa le Jourdain. Attaqués de trois côtés à la fois, les Ammonites s’enfuirent dans toutes les directions. Ainsi fut sauvée la ville de Jabès, qui, pour cette délivrance, aussi prompte que complète, garda une invariable reconnaissance à Saül et à sa maison.

Lorsqu’il repassa le Jourdain après cette seconde victoire, Saül reçut partout un accueil enthousiaste. Témoin de ces bruyants transports, Samuel jugea utile d’avertir le roi et le peuple que la joie du triomphe ne devait pas dégénérer en fol orgueil, et qu’il fallait voir dans la royauté non un but, mais un moyen. Mû par cette pensée, il convoqua à Gilgal une grande assemblées nationale, où il voulait que roi et peuple fussent avertis de leurs devoirs.

La réunion fut extraordinairement nombreuse. Samuel conféra pour la seconde fois l’onction royale à Saül, le peuple lui rendit de nouveau foi et hommage, et des sacrifices de réjouissance furent offerts. Au milieu de toute cette joie, Samuel prononça un discours qui témoigne et de la noblesse de son âme et de sa grandeur prophétique...

La double victoire de Saül et l’assemblée plénière de Gilgal, où la plus grande partie des tribus l’avaient unanimement reconnu roi, consolidèrent d’une façon durable sa situation personnelle, comme aussi la royauté en général. Samuel avait beau vanter et glorifier l’époque de la judicature, le peuple sentait bien qu’un roi le protégeait mieux que n’avaient pu faire les juges, et il sacrifiait volontiers sa liberté républicaine pour obtenir l’unité, et, par, l’unité, la force. Du reste, l’établissement de la royauté entraîna mainte modification. Tout d’abord, Saül forma une troupe d’élite, composée d’hommes et de jeunes gens intrépides, sorte d’armée permanente à qui il donna pour chef son cousin Abner. Il lui fallut aussi, en tant que roi, une série de fonctionnaires spéciaux : des officiers militaires, commandant respectivement des corps de mille et de cent hommes ; puis des conseillers, des amis, commensaux habituels de sa maison. Une autre classe de serviteurs était celle des coureurs ou trabans, satellites armés, exécuteurs fidèles des