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rendre la Divinité favorable au succès de ses armes. Au moment même où il accomplissait cette cérémonie, il vit brusquement apparaître Samuel, qui lui fit d’amers reproches pour n’avoir pas su maîtriser son impatience, et qui se montra même tellement affecté de cette transgression qu’il s’éloigna aussitôt, au grand déplaisir de Saül, qui attendait beaucoup de l’assistance du prophète pour la réussite de sa grave entreprise.

Après le départ de Samuel, il n’y avait pas lieu pour Saül lui-même de rester là plus longtemps. En passant la revue de son effectif, il n’y compta pas plus de six cents hommes. Que Surit et Jonathan aient été consternés à la rue d’une armée si chétive, d’ailleurs dépourvue d’armes et qui devait se mesurer arec des ennemis redoutables, on ne saurait s’en étonner. Triste début, en effet, pour la royauté naissante ! Ce qui affligeait particulièrement Saül, c’est que cette retraite de Samuel le privait, lui et le peuple, du guide précieux qui les aurait dirigés d’après les inspirations du Seigneur.

C’est encore l’intervention de Jonathan qui détermina un dénouement favorable. Ghéba, où Saül campait avec tout son monde, est à peine à une heure de Mikhmas, où se trouvait le camp des Philistins. Les deux localités sont séparées par une vallée ; mais le chemin qui conduit de l’une à l’autre est impraticable pour des soldats, car la vallée est encaissée entre des roches escarpées, presque à pic, qui la resserrent, du côté de l’est, en un défilé large, au plus, de dix pas. Ce n’est qu’en prenant des chemins détournés que Philistins et Israélites eussent pu se rencontrer pour une bataille. Or Jonathan entreprit un jour, en compagnie de son écuyer, de gravir avec les pieds et les mains, à l’endroit le plus resserré du défilé, la paroi de rocher abrupte qui s’élève en pointe du côté de Mikhmas. Le moindre faux pas les eût précipités, d’une chute mortelle, dans l’abîme. Mais ils arrivèrent heureusement au sommet. Les Philistins, à leur vue, furent saisis de surprise : ils ne comprenaient pas comment ils avaient pu, par cette pente raide et impraticable, pénétrer jusqu’à leur camp. S’imaginant que d’autres hébreux grimpaient à leur suite, ils crièrent d’une voir railleuse : Voyez donc, les Hébreux sortent des trous où ils se tenaient cachés ! Montez toujours, que nous