Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

Toute la côte notamment, cette Basse-Terre mi-partie fertile et sablonneuse qui s’étend depuis Gaza ou le fleuve d’Égypte (Rhinocolura) jusqu’à Acco, resta indépendante. Ni ce littoral ai la côte qui s’étend plus au nord, d’Acco à Tyr et à Sidon, et qui formait proprement la Phénicie, ne furent jamais, même plus tard, annexés au pays d’Israël. La cime septentrionale resta aux Phéniciens, celle du midi aux Philistins. Entièrement isolées des autres tribus, celles de Juda et de Siméon vivaient, plus qu’elles encore, entremêlées à des populations étrangères, adonnées tour à tour à la vie pastorale et au brigandage. Comme nous l’avons déjà remarqué, les Jébuséens formaient comme un mur de séparation entre ces tribus méridionales et celles du nord.

Si Josué, dans ses vieux jours, eut la joie de voir accomplie la promesse de Dieu aux patriarches, cette joie ne fut pas sans mélange. Chose trop fréquente dans la vie des peuples comme dans celle des individus, la réalité n’avait guère répondu aux rêves de l’espérance. Le pays appartenait bien aux enfants d’Israël ; mais il ne leur appartenait que pour moitié, et cette moitié, pour peu que la population indigène se fût vigoureusement unie, pouvait leur être reprise, et, repoussés à leur tour, ils auraient de nouveau erré sans asile. La conscience de son œuvre inachevée dut remplir de souci les derniers moments de Josué ; souci d’autant plus fondé qu’il ne voyait aucun chef capable de parachever sa tâche, aucun du moins à qui les tribus, surtout l’ambitieux Éphraïm, eussent consenti à se soumettre. Sa mort laissait le peuple orphelin, et ce peuple, qui pis est, n’avait même pas le sentiment de son abandon. Il ne pleura pas son second guide, mort, autant qu’il avait pleuré le premier. Josué ne légua qu’une seule chose à son peuple : l’espoir et la perspective de posséder un jour le pays tout entier, sans partage. Quand les peuples s’y attachent avec ténacité, leurs espérances finissent par s’accomplir. Mais il y avait encore bien des luttes à soutenir avant que cet idéal d’une possession exclusive pût devenir une réalité !

En effet, les Israélites, dès l’origine, eurent affaire à bien des ennemis. Si les peuples voisins ignoraient que la doctrine nouvelle, dont Israël était dépositaire, ne visait à rien moins qu’à renverser leurs dieux, à briser leurs autels et leurs obélisques, à