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avec eux un traité qui, selon l’usage de l’époque, fut scellé par un serment. — C’est ainsi que presque tout le pays de montagne, depuis la lisière de la grande plaine jusque prés de la ville qui fut plus tard Jérusalem, tomba au pouvoir des Israélites. Cette zone séparait les anciens habitants du nord de ceux du sud, de sorte qu’ils étaient hors d’état de se prêter mutuellement assistance.

Les Cananéens du sud n’en sentirent que mieux le besoin de s’unir ; la crainte de voir leur pays devenir infailliblement la proie de l’ennemi commun triompha de leurs petites jalousies et de leurs querelles particulières, resserra leur faisceau et leur donna du cœur pour l’attaque. Cinq rois ou souverains de territoires, parmi lesquels ceux de Jébus (Jérusalem) et d’Hébron, se coalisèrent pour attaquer les Gabaonites, qui, par leur soumission volontaire, avaient donné libre carrière aux conquérants. Les Gabaonites implorèrent la protection de Josué, qui fit marcher contre les cinq armées ses guerriers accoutumés à la victoire, et les battit si complètement qu’elles s’enfuirent au loin dans toutes les directions. Ce dut être une journée extraordinaire sous les murs de Gabaon, puisque, cinq siècles plus tard, on en conservait encore le souvenir. Un chant l’a immortalisée :

Josué s’écria :
Soleil, arrête-toi sur Gabaon !
Et toi, Lune, dans la vallée d’Avalon !
Et le soleil s’arrêta,
Et la lune fit halte,
Jusqu’à ce que le peuple eût châtié ses ennemis.

Le passage du Jourdain, accompli avec un bonheur inespéré, et ces victoires si rapides remportées coup sur coup, étaient autant de miracles qu’on pouvait ajouter aux miracles anciens. Ils fournirent aux poètes une ample matière pour glorifier non les exploits de la nation, mais la merveilleuse protection de son Dieu...

La victoire de Gabaon aplanit aux Israélites la route du midi et leur permit de s’étendre aussi dans cette direction. Là, toutefois, il y eut plus d’une place forte dont ils ne purent faire ou conserver la conquête.

Une fois la région centrale subjuguée, le plus fort était fait, et