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point prophète. Il avait plutôt le sentiment de la réalité, de l’utilité présente et pratique, que de l’avenir idéal. C’était un vaillant soldat, un général habile, et il l’avait prouvé autrefois dans sa rencontre avec les Amalécites. De plus, il avait le bonheur d’appartenir à la tribu d’Éphraïm, la plus considérée de toutes. Autrement sa tribu, fière et peu traitable de sa nature, ne se serait pas si facilement soumise à ses ordres. Mais, celle-ci l’acceptant pour chef, les autres ne lui marchandèrent point l’obéissance. Général et armée, qui avaient remporté l’un et l’autre d’éclatantes victoires, étaient pleins de résolution et animés du ferme espoir que Dieu favoriserait leurs entreprises et assurerait leur triomphe.

La première conquête fut celle de Jéricho, ville située pris de la montagne, dans une contrée des plus fertiles où croissaient non seulement des palmiers à haute tige, mais encore le précieux balsamier. Grâce au voisinage de la mer Morte, le climat de Jéricho jouit, la plus grande partie de l’année, d’une température élevée, et les fruits y mûrissent plus vite que dans l’intérieur du pays. Il importait donc de se mettre d’abord en possession de cette ville. Mais on renforça les fortifications de Jéricho, parce que les habitants, comptant peu sur leur force de résistance, ne se sentaient eu sûreté que derrière de bonnes murailles. Pourtant ces murs tombèrent, raconte l’Écriture, au fracas intense soulevé par les guerriers israélites. Ceux-ci pénétrèrent dans la ville sans trop de résistance, et eurent facilement raison d’une population énervée par la débauche. — La forteresse d’, située à deux ou trois lieues plus au nord, ne put être prise que par un stratagème et par la mise en mouvement de toute l’armée. Béthel, non loin de cette ville, fut enlevée peu après par des guerriers d’Éphraïm, à l’aide d’une ruse. La prise des deux fortes cités acheva de décourager les habitants des villes et villages voisins, qui, sans même attendre d’être attaqués, s’enfuirent dans la direction du nord, de l’ouest et du sud, abandonnant leur territoire à l’ennemi, qui en prit possession en tout ou en partie. Les Hivéens du district de Gabaon, ou Gabaonites, se soumirent spontanément à Josué et au peuple, cédèrent aux Israélites la propriété de leurs villes, et ne demandèrent en retour qu’à être épargnés et tolérés. Josué, d’accord avec les Anciens et acquiesçant à cette condition, conclut