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échos. Toute la nature semblait convulsée et la fin du monde imminente. Grands et petits tremblaient effarés, secoués dans tout leur être, à la vue de ce sublime et terrible spectacle. Mais si sublime qu’il fût, il ne l’était pas plus que les paroles qu’entendit ce peuple frémissant, et dont les nuées du Sinaï, les éclairs et le tonnerre n’étaient que la préface.

Du haut de cette montagne en feu, ébranlée jusqu’en ses profondeurs, des paroles distinctes vinrent frapper l’oreille du peuple assemblé, paroles très simples au fond, intelligibles à chacun, mais qui ne sont rien moins que la base de l’éducation morale de l’homme. Les dix paroles qui retentirent alors, le peuple eut la ferme conviction qu’elles lui étaient directement révélées de Dieu. Ce Dieu, lui disaient-elles, qu’Israël doit adorer désormais, est le même qu’il a déjà reconnu à sa miraculeuse protection, celui dont il a éprouvé la puissante influence sur les choses humaines, celui qui l’a tiré de l’Égypte et a brisé ses chaînes. Dieu invisible, on ne doit le représenter sous aucune image. (L’idolâtrie égyptienne, à laquelle les Israélites s’étaient accoutumés, justifie l’insistance avec laquelle cette défense est développée.) Sanctifier le sabbat, s’abstenir de tout travail le septième jour, est particulièrement recommandé. Il n’était pas non plus indifférent, en présenté de la barbarie de cette époque, de déclarer que les auteurs de nos jours ont droit à notre respect. Que de peuples, dans l’antiquité, avaient coutume de tuer leurs parents devenus vieux ou de les exposer à la dent des fauves ! Quant à la mère, elle était partout traitée avec dédain, et, après la mort du père, elle était subordonnée à l’aîné des fils. La voix du Sinaï proclama que le fils, même devenu chef de la famille, doit honorer sa mère à l’égal de son père. — La vie humaine était peu respectée chez les anciens ; c’est pourquoi la voix divine déclare : Tu ne tueras point ! Le motif en est précisé dans un autre passage : La vie de l’homme est inviolable, parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu. — Un des fléaux du vieux monde était la luxure et l’impudicité ; l’oracle du Sinaï prononça : Tu ne forniqueras point ! — La propriété aussi devait être inviolable : le vol fut stigmatisé comme un crime, pareillement le faux témoignage. Et non seulement la mauvaise action, mais même la mauvaise pensée fut