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jamais les abandonner, qu’à jamais il régnerait sur eux[1]. Si, chez la plupart, ces sentiments de confiance, d’attachement à Dieu, de ferme courage, ne persistèrent pas longtemps et faiblirent au premier obstacle, ils se sont toujours maintenus dans un groupe de vaillants, qui ont su les manifester au milieu des épreuves que leur réservait l’avenir.

Échappées à l’étreinte de l’esclavage et à la terreur séculaire de leurs oppresseurs, les tribus pouvaient poursuivre avec sécurité leur marche. Elles avaient encore plusieurs journées à faire pour atteindre le Sinaï, but provisoire de leur voyage. Bien que la contrée qu’elles avaient à traverser ne soit, en majeure partie, qu’un désert de sable, elle ne manque toutefois pas d’oasis, d’eau ni de pâturages. Elle était connue de Moïse, qui précédemment y avait fait paître les troupeaux de son beau-père. Le pain même n’y fit point faute aux Israélites, car la manne leur en tint lieu. Ils en trouvèrent si abondamment et s’en nourrirent si longtemps, qu’ils durent la regarder comme un aliment miraculeux. Car ce n’est que dans cette presqu’île qu’on voit couler de l’écorce des hauts tamaris, très nombreux dans les vallées et sur les mamelons du Sinaï, des gouttes d’une saveur mielleuse, que la fraîcheur du matin cristallise en globules gros comme des pois ou des grains de coriandre, et qui fondent ensuite au soleil.

Après ces merveilles qui avaient exalté leurs esprits, les tribus semblaient suffisamment préparées à recevoir le bienfait suprême en vue duquel elles s’étaient acheminées, par le détour du désert, vers la montagne de Sinaï ou d’Horeb. C’est au pied de cette montagne, entourée partout de libres espaces, que Moïse conduisit et cantonna les Israélites. Puis il leur enjoignit de se préparer à un phénomène extraordinaire qui allait frapper leurs yeux et leurs oreilles. Avec une curiosité ardente et anxieuse, ils attendirent le troisième jour. Une barrière dressée autour du pic le plus voisin empêchait le peuple d’en approcher. Une nuée épaisse en enveloppait le sommet, des éclairs intenses s’en échappaient et transformaient la montagne en un vaste brasier, tandis que le tonnerre, grondant d’une paroi à l’autre, se répercutait en formidables

  1. Fin du cantique de la mer Rouge.