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inévitable. Le roi de Perse faisait alors la guerre à Crésus, roi de Lydie, dont la ligue avec Nabonad et le roi d’Égypte Amasis lui créait une nouvelle raison de soumettre Babylone, limitrophe de ses États. Peut-être avait-il des affidés parmi les favoris de la cour ou les païens convertis : on a lieu de le croire, à en juger par les mesures dirigées contre eux par Nabonad et la bienveillance que leur montra plus tard le conquérant ; en tout cas, l’animosité du roi de Babylone à leur égard donne à supposer qu’il soupçonna leur fidélité.

La persécution frappa d’abord ceux qui se distinguaient le plus par leur patriotisme et leur piété : des peines rigoureuses furent édictées contre eux et appliquées avec la dernière barbarie. Il semblait que ce reste de la nation dût, à l’exemple de Job, subir l’épreuve de l’affliction et se purifier dans les souffrances. Les uns furent assujettis à de durs travaux, dont les vieillards mêmes ne furent pas exempts ; les autres jetés dans de noirs cachots, chargés de coups, traînés par les cheveux et la barbe et livrés à toutes les insultes. Les plus zélés bravèrent la mort, en annonçant à haute voix la prochaine délivrance par Cyrus. Comme tous ces persécutés appartenaient à la classe des Humbles, ils supportèrent les tortures avec fermeté et endurèrent le martyre victorieusement. Un prophète contemporain, témoin de la persécution, s’il n’en fut victime, en a fait une peinture sommaire, mais émouvante. Considérant les Humbles comme le cœur de la nation, il parle de leurs supplices comme si le peuple tout entier les eût endurés :

Méprisé et abandonné parmi les hommes,
Homme de douleur et familiarisé avec la souffrance,
……………………………………………………………………
Il a été maltraité, bien qu’il fût humble,
Et il n’a pas ouvert la bouche.
Comme un agneau mené à la boucherie,
Et comme une brebis muette devant ses tondeurs,
Il n’a pas ouvert la bouche.
Il est enlevé par la prison et le jugement,
Et son amertume, qui peut la raconter ?