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Cette étude des textes sacrés eut pour effets immédiats le retour sur soi-même, le repentir, le repentir profond d’une désobéissance opiniâtre et d’une si longue persistance dans l’idolâtrie. Ceux qui purent mesurer l’étendue de leur faute voulurent effacer toutes ces souillures par les larmes de la contrition. Ils reconnurent que les calamités qui les avaient frappés étaient méritées, que Dieu en avait agi avec eux suivant leur conduite et selon leurs actes. Beaucoup se repentirent de tout leur cœur de leur passé d’iniquité. Les quatre jours néfastes de la dernière période, le jour où avait commencé le siège de Jérusalem (au dixième mois), où la ville fut prise (au quatrième), ceux de la destruction (cinquième mois) et du meurtre de Ghédalia (dixième mois) furent institués jours de deuil, d’abord par une partie des exilés[6], puis, successivement, par le reste des Judéens. On prit l’habitude de jeûner et de se lamenter ces jours-là, de se couvrir de vêtements déchirés, de s’asseoir dans la cendre. Ces jours d’expiation témoignèrent que le peuple sortait enfin de son aveuglement et se sentait porté à revenir au bien ; ce furent à la fois chez lui des signes de repentir et des anniversaires nationaux, les premiers de l’ère postérieure à l’exil.

Le sentiment profond du regret des fautes passées donna naissance à un genre particulier de psaumes, qu’on peut appeler Psaumes de pénitence ou de confession. De même qu’après la sortie d’Égypte, la génération nouvelle avait été élevée dans la confiance en Dieu et dans l’aspiration sincère au but de ses destinées, de même, pendant l’exil, la jeunesse fut instruite dans un esprit nouveau. Au désert, l’œuvre d’éducation avait été faite par l’imposante personnalité de Moïse ; à Babylone, elle le fut par les livres saints, par l’enthousiasme qu’ils allumèrent pour la loi primitive. Le nombre des fidèles, des zélés de la parole de Dieu ou des cherchants Dieu, allait s’augmentant. Les Anavim en formaient le noyau. Ils pleuraient Jérusalem et sa magnificence passée, dont la radieuse image leur apparaissait dans ces livres. Ils marchaient le cœur brisé, l’esprit humble, portant les signes extérieurs du deuil et s’appelant eux-mêmes les affligés de Sion. Des personnages considérables, investis de fonctions à la cour de Babylone, se joignirent à eux. Leur âme