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La deuxième Lamentation pleure la destruction des édifices et des remparts, et surtout celle du sanctuaire.

La quatrième déplore la perte de toute noblesse sous la lente action de la famine et l’anéantissement de toute espérance par suite de la captivité du roi.

Mille années environ s’étaient écoulées depuis que, pleines de courage et riches d’avenir, les tribus d’Israël avaient franchi le Jourdain sous la conduite d’un chef énergique et pris pied sur la terre de Canaan. Il y en avait cinq cents que les deux premiers rois de la maison de David avaient fait d’Israël un puissant empire. De toute cette vigueur, de tous ces souvenirs, aujourd’hui que restait-il ? Hélas ! la plupart des dix tribus, depuis plus d’un siècle, avaient disparu dans des contrées inconnues ; la guerre, la famine ou la peste avaient emporté le plus grand nombre des autres qui formaient le royaume de Juda, une faible partie avait été emmenée en captivité, une fraction moindre encore avait émigré en Égypte ou dans d’autres contrées, ou bien vivait dans le pays, anxieuse du sort que lui réservait le vainqueur, épave dernière qui, elle aussi, allait essuyer l’assaut de multiples ennemis, comme s’il n’avait pas dû rester un seul Israélite dans la patrie du peuple d’Israël. L’épilogue du drame fut aussi cruel que la catastrophe.

Au moment où Sédécias tombait aux mains de la cavalerie lancée à sa poursuite, une partie des hommes qui l’avaient accompagné jusque-là réussit à s’échapper. Les uns passèrent le Jourdain sous la conduite d’un prince du sang royal, Ismaël, fils de Nethania, et trouvèrent asile chez le roi ammonite Baalis. Les autres préférèrent gagner l’Égypte, dont l’alliance semblait leur promettre plus de sécurité et où viraient déjà des familles judéennes. Mais, pour y parvenir, il leur fallait traverser le territoire de l’Idumée, et là les attendait un acharné et irréconciliable ennemi. Aussi peu touchés des procédés fraternels de Juda que satisfaits de la ruine de Jérusalem, les Iduméens n’eurent de mémoire que pour leurs griefs et poussèrent la haine au point de guetter les fugitifs sur leur frontière pour les mettre à mort ou les livrer aux Chaldéens. Ce n’était pas l’inimitié seule qui les inspirait, mais encore un calcul politique ; ils convoitaient tout