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siège, ces farouches guerriers déshonorèrent les femmes et les jeunes filles et n’épargnèrent ai la vieillesse ni l’enfance. Ils firent irruption dans le temple, y égorgèrent les prêtres et les prophètes, qui se croyaient à l’abri sous la protection du sanctuaire, et poussèrent des cris de fureur, comme s’ils eussent voulu combattre le Dieu d’Israël. À leur suite accoururent les Philistins, Iduméens et Moabites, qui s’étaient unis à Nabuchodonosor et qui se livrèrent aussi au pillage, profanèrent aussi les vases sacrés.

Cependant Sédécias était parvenu à s’enfuir pendant la nuit avec le reste des combattants, en passant par le jardin de son palais et par un souterrain situé au nord-est de la ville. Il se dirigeait précipitamment vers le Jourdain, qu’il se proposait de franchir, mais les cavaliers ennemis, non moins prompts, lui barrèrent le passage dans les défilés et, exténués comme ils l’étaient, les fugitifs ne tardèrent pas à être pris. Dans la ville, les Chaldéens ne trouvèrent, en fait de notables, que le grand prêtre Séraya, le capitaine du temple Zéphania, l’eunuque qui avait dirigé la défense, le dresseur de listes (Sopher), les familiers du roi, les garde portes et soixante autres hommes. Tous furent provisoirement conduits, chargés de chaînes, à Kama, jusqu’à ce que le roi de Babylone eût prononcé sur eux, car de les laisser à Jérusalem ou aux environs ne se pouvait, à cause des cadavres sans sépulture dont les émanations empoisonnaient l’air. Jérémie se trouvait parmi les captifs ; des soldats qui l’avaient rencontré dans une des cours du palais l’avaient pris pour un officier et emmené. Son disciple Baruch eut sans doute le même sort. La garde des prisonniers et des fuyards fut confiée par les vainqueurs à un Judéen de famille noble, Ghédalia, fils d’Ichikam, de la famille Schaphàn.

La dernière espérance de ces débris infortunés du peuple s’évanouit, quand on sut que le roi, également tombé aux mains de l’ennemi, avait subi le plus cruel traitement. Les soldats, en effet, qui s’étaient emparés de Sédécias, l’avaient conduit devant Nabuchodonosor. Celui-ci, non content de décharger sur lui tout son courroux et de lui reprocher âprement sa félonie, fit mettre à mort , sous ses yeux, tous ses fils et tous ses proches,