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des maisons et habitez-les ; plantez des vignes et goûtez-en les fruits, prenez des femmes et engendrez des fils et des filles, amenez des épouses à vos fils, et à vos filles des maris ; recherchez le bien de la ville où vous êtes bannis, parce que votre prospérité sera dans la sienne. Mais ne vous laissez pas séduire par vos prophètes et vos devins, car ce n’est que dans soixante-dix ans que je vous ramènerai en Juda. Mais les excitations brouillonnes de l’intérieur avec les instances du dehors, auxquelles se joignait la turbulente obsession des grands, eurent promptement triomphé de la timide loyauté de Sédécias : le faible roi se laissa emporter par le tourbillon, refusa le tribut à Nabuchodonosor et trahit son serment. Le sort en fut jeté, tout l’avenir du peuple de Juda était désormais en jeu.

Bientôt sonna l’heure redoutable des responsabilités. Nabuchodonosor fut quelque temps sans bouger, puis se mit en mouvement, pour aller châtier les rebelles. Il s’était ébranlé à peine que les mêmes peuplades qui avaient provoqué la révolte mettaient bas les armes : en un instant, Juda se vit seul, sans secours possible que de l’Égypte, et celle-ci hésitait.

Nabuchodonosor put donc à son aise reprendre tout le territoire et la plupart des villes de Juda, dont deux seulement, Lachis et Azéka, tinrent bon, sans d’ailleurs l’arrêter ; l’armée chaldéenne poursuivit sa marche et parut devant Jérusalem, le dixième jour du dixième mois (fin 588 ou commencement de 587). La capitale avait eu le temps de se fortifier et sans doute aussi de s’approvisionner pour un long siège ; malheureusement, à l’approche de l’ennemi, les campagnards s’y étaient réfugiés avec leurs enfants et avaient augmenté par là le nombre de bouches à nourrir. Sédécias fut sommé de se rendre, ses courtisans répondirent par un refus. Nabuchodonosor ouvrit donc les travaux et les poussa avec opiniâtreté.

Il faut que, de son côté, Jérusalem se soit vigoureusement défendue, car, à part un moment d’interruption, le blocus dura près d’un an et demi (de janvier 587 à juin 586). Le commandement général était aux mains d’un eunuque du palais ; quant au roi lui-même, il ne joua qu’un rôle passif et n’intervint ni dans le maniement des troupes ni dans la conduite des opérations. Son indécision et sa faiblesse apparurent ainsi dans