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transportèrent auprès de lui pour demander grâce. Mais ils le trouvèrent inflexible : Jéchonias dut abandonner le trône et se rendre en exil à Babylone avec sa mère, ses femmes, ses frères et sœurs et ses eunuques. Il n’avait occupé que cent jours le trône de David. Nabuchodonosor fit preuve d’une grande modération en leur laissant la vie et s’abstenant de faire couler le sang. Il ne bannit que dix mille habitants de Jérusalem, qu’il fit transporter en Babylonie, savoir sept mille guerriers, deux mille personnes de tout sexe, prises en majeure partie dans la population de la capitale, enfin mille artisans habiles dans la fabrication des armes et dans l’art de la fortification. Il ne fit pendant la même campagne, dans le reste du royaume, que trois mille vingt-trois prisonniers, qui furent également dirigés sur Babylone. S’il frappa une contribution sur les trésors du palais et du temple, ce ne fut point violence particulière, mais pratique usuelle du droit de guerre de l’époque. Il laissa subsister l’État, épargna la ville et ses murailles et ne toucha point au temple. Le premier monarque étranger aux mains duquel tomba Jérusalem, après environ cinq siècles d’existence, lui montra plus de générosité que ne fit maint conquérant dans les temps qui suivirent.


CHAPITRE X


CHUTE DU ROYAUME DE JUDA
(596-586)


Nabuchodonosor maintint également debout le trône de David. Il y plaça Mathania, le plus jeune des fils d’Osias, alors âgé de vingt et un ans et qui prit le nom de Sédécias (Zidkia). Ce prince était d’un naturel doux, flexible et peu martial, qualités qui semblaient garantir au conquérant que le nouveau roi ne lui susciterait