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Juda (600). Jérémie put sans doute alors quitter son asile : le roi, quelque irrité qu’il fût, ne pouvait toucher un cheveu de sa tète, les princes le couvrant de leur protection.

Mais Joachim ne supportait qu’avec impatience une domination qui le contraignait à se maîtriser. Le roi d’Égypte, de son côté, ne dut pas épargner les manœuvres pour l’amener à une défection. Le Phénicien ayant, sur ces entrefaites, secoué le joug, Joachim, par une sorte de vertige, l’imita, refusa aussi le tribut. Nabuchodonosor, obligé par suite de concentrer ses forces contre la Phénicie, mit le siège devant Tyr et la tint bloquée sept ans. Comme il ne pouvait, dans l’intervalle, s’occuper du roi de Juda, celui-ci put se faire illusion, se persuader qu’il avait pour toujours recouvré son indépendance. Il n’avait pas lieu cependant de se réjouir : pour ne pas encore lancer une forte armée contre lui, Nabuchodonosor n’en faisait pas moins ravager son territoire par des troupes volantes. C’est dans cette situation précaire que Joachim mourut (597). Il eut pour successeur son fils, âgé de dix-huit ans, Jéchonias (Yoyachin, Yechonia, par abréviation Khonia) ou plutôt sa mère Nechreschta, qui avait pris les rênes du pouvoir. Jéchonias eut également la présomption de se croire assez fort pour lutter avec Nabuchodonosor et s’abstint de lui rendre hommage. Il persista, comme son père, dans tous les dérèglements de l’idolâtrie. Mais son aveuglement et celui de sa mère ne furent pas de longue durée. Nabuchodonosor put enfin détacher de Tyr une armée nombreuse, qui soumit sans peine toute la contrée jusqu’au fleuve d’Égypte (Rhinocolura) ; le royaume de Juda fut occupé en entier, sauf quelques villes du sud, qui s’étaient mises en état de défense, et tout ce qui tomba entre les mains de l’ennemi fut emmené captif. Jéchonias n’en continua pas moins à résister, se croyant en sûreté derrière les fortes murailles de sa capitale, il comptait aussi, en cas d’investissement, sur le secours de l’Égypte. Nabuchodonosor envoya donc quelques-uns de ses généraux mettre le siège devant Jérusalem.

Le fils de Joachim n’eut pas même le temps d’aviser, la rapide détresse des assiégés ne le lui permit pas. Il venait d’entrer en pourparlers pour la reddition de la place, lorsque Nabuchodonosor arriva lui-même au camp. Le roi, la reine mère et leur suite se