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valut la haine des fanatiques de l’idolâtrie et particulièrement celle des faux prophètes et des prêtres. C’était à l’occasion d’une fête, la foule remplissait le temple, Jérémie s’avançant : Voici, dit-il, la parole du Dieu d’Israël : Réformez votre conduite et vos œuvres et je vous laisserai demeurer dans ce lieu. Mais ne vous confiez pas dans les invocations mensongères en disant : Temple de Jéhovah, temple de Jéhovah !... Comment ! vous voulez voler, tuer, vivre dans la luxure, encenser les dieux étrangers, puis arriver dans mon temple et dire : Nous sommes sauvés ! et continuer ensuite toutes vos abominations. Est-ce que ce temple est une caverne de brigands ? Allez voir à mon ancien sanctuaire de Silo ce que je lui ai fait à cause de la perversité d’Israël. Je ferai à ce temple ce que j’ai fait à Silo ; je vous rejetterai de devant ma face, comme j’ai rejeté vos frères, la postérité d’Éphraïm.

II n’avait pas achevé que les prêtres et les faux prophètes le saisirent : Tu mourras, s’écrièrent-ils, pour avoir prophétisé que de sanctuaire deviendra comme celui de Silo. Un attroupement se forma sur la place du temple, quelques personnes vinrent au secours de Jérémie, pendant que du palais quelques princes, attirés par le bruit, accouraient. Achikam, fils de Schaphân, membre du parti des prophètes, se trouvait parmi eux. Tenant aussitôt séance à l’une des portes de l’édifice, ils écoutèrent l’accusation et la défense : Cet homme, dirent les prêtres et les faux prophètes, a prédit des malheurs à cette ville et à ce temple, il mérite la mort. Quelques-uns des Anciens parlèrent en faveur de Jérémie ; puis les princes, s’adressant aux prêtres et aux faux prophètes transportés de fureur : Non, répliquèrent-ils, cet homme ne mérite pas la mort, car il nous a parlé au nom de notre Dieu. Grâce aux efforts de ses amis et spécialement à ceux d’Achikam, Jérémie fut, pour cette fois, remis en liberté ; mais la haine de ses adversaires n’en devint que plus âpre et guetta dès lors toute occasion de le perdre.

Cependant la sentence portée contre l’Assyrie s’accomplit. Ce puissant empire tomba misérablement sous les efforts combinés de Cyaxare, roi des Mèdes, et de Nabopolassar, roi de Babylone : Ninive, la ville géante, succomba après un long siège (vers 605) et son dernier monarque, Sardanapale, chercha la mort dans les