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seigneur, ô gloire ! Chaque année ensuite, au jour où était tombé sous une flèche ennemie, le dernier bon roi de la race de David, on répéta un chant de deuil, composé à cette occasion par Jérémie. Jamais roi ne fut plus sincèrement pleuré.

Le désastre essuyé dans la plaine de Jezréel dut avoir anéanti les forces judéennes, car on ne songea même pas de tenter un mouvement sur les derrières de Nécho, qui poursuivit tranquillement sa marche. Tout entière à son affliction, Jérusalem ne se préoccupa que d’élire un autre roi. Josias avait laissé trois fils, nés de deux lits, Éliakim, Salloum et Mathania, et c’est à l’aîné de sa femme favorite qu’il avait paru destiner la couronne. Pour honorer le monarque dont on pleurait la perte, le peuple proclama Salloum, de deux années plus jeune qu’Éliakim ; ce prince monta sur le trône, et, suivant l’usage, quitta son nom pour prendre celui de Joachas (Yehoachas).

Mais, dans la situation créée par la défaite de Magheddo, il n’était plus au pouvoir de la nation d’élire elle-même son souverain ; c’est au roi d’Égypte, de par sa victoire maître du pays, qu’appartenait cette prérogative ; or celui-ci avait déjà prononcé contre le choix populaire. Sans paraître d’ailleurs se soucier de Juda, il avait simulé des marches forcées sur l’Euphrate et venait d’établir son quartier général à Ribla. Salloum-Joachas étant allé l’y trouver pour faire ratifier son élection, Nécho le fit charger de fers et conduire en Égypte et à sa place nomma Éliakim. Le règne de Joachas n’avait duré que trois mois.

Éliakim ou, comme il s’appela de son nom de roi, Joachim (Yoyakim, 607-596) eut, dès son avènement, à remplir une tâche épineuse. Nécho, pour punir Josias d’avoir voulu lui fermer le passage, avait frappé sur le royaume un très lourd impôt de guerre en or et en argent ; ni le palais ni le temple n’ayant de trésor à cette époque, Joachim imposa ses sujets selon leur fortune et fit procéder par contrainte à la rentrée de ces contributions. Ce qui rendait cette amende encore plus sensible à l’orgueil de Juda, c’est qu’elle était le signe de sa dépendance. À l’humiliation et au découragement publics s’ajouta bientôt un autre mal. Le peuple avait espéré que la réforme introduite par Josias lui donnerait les jours heureux promis par le Deutéronome, or, il était précisément arrivé