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étranger, il tonne également contre la fréquence du meurtre des hommes de Dieu : C’est en vain que j’ai châtié vos enfants, ils n’ont pas pris de correction. Votre glaive a dévoré vos prophètes, comme un lion destructeur... La vierge oublie-telle ses atours, la fiancée sa ceinture ? Mais mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre. Comme tu embellis tes manières pour chercher de l’amour ! Tu les accoutumes même au vice ! Jusque sur les pans de ta robe se trouve le sang de personnes innocentes ; pourtant tu ne les avais pas surprises volant avec effraction. Et malgré tout cela, tu dis : Oui, je suis innocent, puisse ta colère se détourner de moi ! Voici, j’irai donc en justice avec toi, puisque tu dis : Je n’ai point péché. Combien tu te rends méprisable en changeant de conduite ! Tu seras couvert de honte par l’Égypte, comme tu l’as été par Assur. Devant elle aussi tu sortiras les mains jointes au-dessus de la tête, car Dieu rejette tes appuis. De telles paroles, sortant d’une si jeune bouche, ne pouvaient manquer de frapper les esprits, et, de fait, plusieurs familles nobles abjurèrent l’erreur pour se convertir au Dieu de Jérémie. La famille Schaphân, entre autres, qui occupait un rang élevé dans l’État, se rallia au parti des prophètes et le défendit dès lors avec énergie. Sur ces entrefaites, le roi Josias, qui poursuivait avec activité la restauration du temple, envoya trois de ses officiers, Schaphân, Maasséiah et Joach, auprès du grand prêtre Chilkia, pour le décider à faire employer enfin, selon leur objet, la totalité des sommes recueillies et à verser l’argent monnayé entre leurs mains pour servir à l’achat de matériaux et au payement de la main-d’œuvre. Chilkia y consentit. En leur délivrant les fonds dont il avait le dépôt, il y joignit un grand rouleau portant cette inscription : Recueil de lois que j’ai trouvé dans le temple[2]. Ce rouleau, Schaphân le lut, et le contenu l’en frappa tellement, qu’il en parla au roi, lorsqu’il lui rendit compte de sa mission.

Ce livre, qui allait exercer une influence extraordinaire, s’annonce comme le testament suprême du législateur hébreu Moise, testament que celui-ci, avant de mourir, aurait recommandé au cœur de son peuple. Précédé d’une introduction et complété par