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prophètes. Il régna d’ailleurs si peu de temps qu’on ne sait presque rien de ses actes ni de ses sentiments : ses officiers, c’est-à-dire le préfet du palais et les autres fonctionnaires attachés à sa personne, se conjurèrent contre lui et l’assassinèrent (639). Il semble toutefois que ce roi était aimé, car le peuple s’ameuta, se jeta sur les conspirateurs et, après les avoir mis à mort, acclama son fils Josias, âgé de huit ans (638-608). Ce changement de souverain n’amena tout d’abord aucune modification dans le royaume : les princes de Juda continuèrent à gouverner sous le nom du roi mineur, maintinrent les désordres introduits sous Manassé et s’efforcèrent de les perpétuer. Mais le groupe des Humbles, invinciblement attachés au Dieu d’Israël, prit dans ce temps-là, sous l’impulsion des prophètes, un accroissement qui lui permit de devenir un parti d’action. De ses rangs sortirent des prophètes qui, prêtant à la pure loi de Dieu et au droit le secours de leur éloquence et de leur zèle, réussirent à provoquer une réaction. A ce moment surgit aussi une prophétesse, appelée Hulda, dont on rechercha les sentences, comme jadis celles de Débora. Le plus ancien de cette génération d’apôtres fut Sophonie (Zéphania). Issu d’une famille considérable de Jérusalem qui, depuis quatre générations, comptait des chefs illustres ; il censura avec hardiesse les vices contemporains et la corruption idolâtrique, particulièrement chez les grands et les princes royaux, qui se faisaient gloire de leur imitation de l’étranger. Comme autrefois Amos et Joël, il leur prédit qu’un grand jour était proche, jour terrible de Jéhovah, jour d’obscurité et de ténèbres en plein midi. Mais ce fut surtout à la fière Ninive qu’il prophétisa une chute ignominieuse.

C’est de cette époque, en effet, que date l’abaissement graduel de la toute-puissance assyrienne. Les peuples qui n’avaient pas antérieurement déjà secoué son joug le firent sous l’avant-dernier roi d’Assyrie, ou bien y furent contraints par les Mèdes, dont le deuxième roi, Phraorte, soumit coup sur coup diverses nations et les réunit ensuite contre Ninive. Tout affaiblis que les laissait la défection de leurs alliés, les Assyriens purent encore infliger une défaite aux Mèdes (635), qui perdirent leur roi dans la bataille ; mais Cyaxare, fils de Phraorte, plus entreprenant