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à cette nouvelle, abandonna ses positions et, rassemblant ses troupes dispersées, descendit vers le sud jusqu’à la frontière d’Égypte, où il mit le siège devant Péluse (Pelusium). Sa colère dut être grande en apprenant de la bouche de Rabsacès la résolution d’Ézéchias : comment ! le roi d’un si faible État, auquel il ne restait plus que sa capitale, avait osé le braver ! Incontinent il envoya un messager à Ézéchias, avec une lettre où se manifestait tout son mépris pour ce petit pays de Judée comme pour le Dieu dans lequel son roitelet mettait sa confiance. Il y énumérait les villes fortes que les Assyriens avaient déjà conquises. Est-ce que leurs dieux les ont protégées ? Et crois-tu que ta foi dans le tien te puisse sauver ? Isaïe dicta lui même la réponse à cette lettre de blasphème : c’était dans une fuite honteuse, disait-elle en substance, que Sennachérib regagnerait son royaume.

Pendant que le roi et les grands, qui avaient foi dans les prophéties d’Isaïe, s’abandonnaient à l’espérance et en voyaient une première réalisation dans la retraite des assiégeante, un événement se produisit, qui causa une nouvelle frayeur à Jérusalem. Ézéchias fut frappé d’un ulcère cancéreux[7], et la maladie fit en peu de temps de tels progrès, qu’Isaïe même lui conseilla de mettre ordre à ses affaires et à celles du royaume, attendu qu’il ne se relèverait pas de son lit de douleur. Survenant au milieu de ces calamités, la mort du roi qui, parait-il, n’avait pas encore d’enfant, eût donné le signal de dissensions entre les princes de Juda et allumé la guerre civile dans Jérusalem, déjà si éprouvée. De son côté, le peuple s’était attaché à ce prince généreux, qui était le souffle de sa propre vie, et l’imminence de sa perte le lui rendait encore plus cher. Ézéchias, au cruel avertissement du fils d’Amoz, se retourna vers la muraille, et, versant des larmes, implora le Seigneur. Isaïe alors lui annonça que sa prière était exaucée, que Dieu lui enverrait la guérison et qu’au bout de trois jours, il pourrait de nouveau se rendre au sanctuaire. Revenu en effet à la santé, Ézéchias composa un psaume d’action de grâces, empreint d’une profonde reconnaissance et qui fut sans doute aussi chanté dans la temple. Sa convalescence causa une grande joie à Jérusalem. Mais cette allégresse n’était pas exempte de soucis et il s’y mêlait de poignantes inquiétudes, qui ne devaient