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de l’administration et de la magistrature le laissèrent maître de lui-même, comme il arrive à tout jeune roi dont le caractère et les intentions n’ont pas encore été sondés. Pendant cette période, Ézéchias put former de bonnes résolutions et commencer à les mettre en pratique, introduire des innovations, éloigner du palais les serviteurs éhontés ou criminels et les remplacer par de plus dignes.

Mais que d’abus ne dut-il pas proscrire, pour purger le pays et les esprits des immondices accumulées par l’idolâtrie ! Le temple était désert, et le royaume rempli d’idoles et d’autels. Ézéchias rouvrit le sanctuaire et en restaura la dignité, en même temps qu’il faisait détruire toutes les images des faux dieux. Voulant une fois pour toutes abolir les désordres de l’idolâtrie, il rendit un décret qui interdit de construire désormais aucun autel et de sacrifier, même à Jéhovah, sur les montagnes et les hauts lieux : quiconque éprouvait le besoin d’honorer Dieu devait se rendre au temple de Jérusalem. Cette mesure parut sans doute, à foule de gens, léser la liberté du culte ; mais Ézéchias ne pouvait pas respecter cette liberté ou plutôt ce dévergondage, s’il voulait sérieusement corriger le peuple d’habitudes irréfléchies. Aux approches de la fête du printemps, il ordonna que l’agneau pascal, dont on avait jusque-là fait l’offrande sur les autels privés, ne fût plus sacrifié que dans le sanctuaire de Jérusalem.

Les courtisans ne lui laissèrent pas longtemps poursuivre une réorganisation qui leur apparaissait comme une nouveauté. Il semble que le préfet du palais, Schebna, s’empara peu à peu de l’autorité. Ézéchias était un poète, une nature rêveuse, molle et flexible, et d’un vouloir peu ferme. Les hommes de ce tempérament sont faciles à mener et les rois mêmes obéissent volontiers à une volonté forte. L’expédition de Salmanazar contre Tyr et Samarie, dans les premières années du règne d’Ézéchias, fut naturellement une cause d’appréhensions à Jérusalem et à la cour. Les circonstances commandaient de prendre une détermination nette, de se décider ou à faire cause commune avec les alliés ou à donner des gages de fidélité au roi d’Assyrie. Ézéchias, avec son caractère et ses sentiments, dut hésiter. Le peuple frère s’épuisait depuis trois ans dans Samarie assiégée et