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Ninive, et avec elles d’innombrables captifs, que le vainqueur dispersa par groupes dans des régions peu peuplées, dont la situation n’est pas exactement connue, à Chalach, à Chabor, au fleuve Gozan et dans les montagnes de la Médie. Le royaume des dix tribus, ou Maison d’Israël, avait subsisté deux cent soixante ans ; vingt rois avaient régné sur lui, et un matin il disparut sans laisser de traces, parce que, obéissant à l’indocilité d’Éphraïm, il s’était rendu étranger à son principe, en avait méconnu volontairement les éléments de progrès moral et de liberté, et en était ainsi arrivé à choir dans l’idolâtrie et dans les vices énervants qui lui font cortège. Le sol vomit les dix tribus, comme autrefois les peuples cananéens. Que sont-elles devenues ? On les a cherchées aux extrémités de l’Orient et de l’Occident, et on a cru les avoir retrouvées. Des imposteurs et des fous ont prétendu descendre de leur postérité. Mais il est hors de doute que, à part de minces fractions, elles se sont perdues parmi les peuples et ont disparu. Il n’en est probablement resté dans le pays qu’un petit nombre d’hommes, agriculteurs, vignerons ou bergers ; quelques autres, débris de familles nobles, surtout de celles qui habitaient à la frontière de Juda, ont pu se réfugier sur le territoire voisin.

Il était donc retranché, le membre gangrené, qui avait infecté tout le corps de la nation et l’avait paralysé. La tribu d’Éphraïm, dont l’égoïsme avait provoqué jadis, lors de l’occupation du pays, le morcellement de l’unité nationale, dont l’arrogance avait, plus tard, déterminé la scission et l’affaiblissement d’un empire devenu puissant, Éphraïm gémissait maintenant à l’étranger : J’ai été châtié comme un jeune taureau indocile ; je suis couvert de confusion et je rougis, car je porte l’opprobre de ma jeunesse. Ce membre une fois séparé, le corps de la nation sembla revenir à la santé. Les tribus de Juda et de Benjamin, qui, avec leurs annexes de Siméon et de Lévi, formaient depuis la chute du royaume des dix tribus le reste d’Israël, reprirent vigueur et refleurirent. Si la ruine de Samarie tes avait frappées de stupeur, elle leur avait aussi, pour le moment du moins, donné une leçon, en les avertissant de se corriger des désordres qui, pour Juda également, avaient amené la dégénération et la décadence. Le peuple et les grands cessèrent, dans les premiers temps qui suivirent, de se