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folle des défections en cessant de payer son tribut annuel. La Phénicie fit de même. Salmanazar alors, rassemblant ses forces, repassa l’Euphrate et le Liban. Son approche dissipa l’espoir qu’avaient conçu les peuplades de recouvrer leur liberté. Les villes phéniciennes de Sidon, d’Acre et jusqu’à l’ancienne Tyr, durent se rendre sans combat. D’Acre, Salmanazar s’avança sur le royaume de Samarie par la plaine de Jezréel. Les villes israélites lui firent, à leur tour, leur soumission, ou bien leurs habitants se réfugièrent dans la capitale. Osée toutefois ne perdit pas courage, quoique les secours attendus sur la foi des promesses de l’Égypte n’arrivassent point. Située au sommet d’une colline, Samarie, mise en état de défense, pouvait tenir quelque temps. Dans l’intervalle, — ce dut être l’espérance d’Osée et de la population samaritaine, — un événement imprévu pouvait survenir, qui obligerait Salmanazar à se retirer. Remparts, tours et créneaux furent donc consolidés, la place approvisionnée de vivres et d’eau, et toutes les dispositions prises, qui sont nécessaires à la défense d’une ville investie. Les Assyriens étaient déjà passés maîtres dans l’art d’assiéger les forteresses. Mais la défense dut être poussée avec autant de persévérance et de vigueur que l’attaque, car le siége dura près de trois ans (de l’été de 721 à celui de 719). Cependant tous les efforts, tout le courage et toute la constance des assiégés demeurèrent infructueux : la capitale du royaume des dix tribus fut emportée d’assaut, après deux siècles d’existence. Le dernier roi de cet empire, Osée, se vit traiter encore, jusqu’à un certain point, avec ménagement : le vainqueur se contenta de le déposséder de la couronne et de le retenir en prison jusqu’à la fin de ses jours. Aucune plume n’a retracé le nombre des victimes qui succombèrent par milliers dans cette lutte suprême, ni le chiffre de ceux qui furent emmenés en captivité : le royaume était devenu tellement étranger à ceux qui d’ordinaire tenaient note de l’histoire du peuple, les Lévites et les prophètes, qu’ils n’en ont relaté la chute qu’en peu de lignes. Nulle élégie ne se fit entendre sur ses ruines, comme si sa triste destinée n’eût rencontré que de l’indifférence chez les poètes. La prophétie s’était accomplie. Éphraïm n’existait plus ; les idoles de Dan, de Samarie et d’autres villes s’acheminaient vers