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j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le roi Jéhovah Zébaoth. Alors vola vers moi un des séraphins ; dans sa main était une pierre ardente, qu’il avait prise près de l’autel, il en toucha ma bouche et dit : Vois, ceci a touché tes lèvres, ton délit est enlevé et ton péché est expié. J’entendis la voix du Seigneur qui disait : Qui enverrai-je et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi. Et il dit : Va, et dis à ce peuple : Écoutez toujours, vous n’entendrez rien, regardez toujours, vous ne comprendrez rien. Que le cœur de ce peuple soit insensible, ses yeux éblouis, ses oreilles assourdies, pour qu’il ne voie pas de ses yeux, n’entende pas de ses oreilles et ne comprenne pas par son cœur, car il pourrait revenir en arrière et être sauvé. Je dis : Jusqu’à quand Seigneur ? Il répondit : Jusqu’à ce que les villes soient désertes et inhabitées, les maisons vides d’hommes, et le pays dévasté en solitude.

Isaïe, dans ce début, n’avait fait qu’effleurer la perversité des grands ; il avait simplement donné à entendre qu’ils étaient inaccessibles à des sentiments meilleurs. Dans un discours suivant, il se montra plus explicite et, s’adressant plus spécialement aux princes de Juda, leur mit sous les yeux l’image de leur folie et de leur démence. Il fit ressortir la signification idéale du peuple d’Israël, de la loi qu’il avait à pratiquer et du temple qui devait eu être le signe visible. Après avoir emprunté pour cela les paroles à jamais mémorables d’un prophète plus ancien[6] :

A la fin des jours
La montagne du Temple sera placée sur la cime des monts,
Et sera plus haute que les collines
Et vers elle toits les peuples afflueront.
……………………………………………………………….
Un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple,
Et l’on n’apprendra plus la Guerre.
le prophète poursuit ironiquement :
Maison de Jacob, venez,
Marchons dans la lumière de Jéhovah !