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homme brutal et emporté, qui opprima le peuple encore plus que ses prédécesseurs ; on le compara au faux berger qui livre son troupeau, qui néglige de rechercher les brebis égarées, de guérir les blessées, de soigner les malades et qui consume la chair des brebis saines. Pour se garantir des attaques des Assyriens, il entra dans une ligue formée par les souverains voisins contre la puissance colossale de Ninive, ligue élaborée, suivant toute apparence, à Damas, qui avait de nouveau un roi, du nom de Rezin, et se trouvait la première exposée aux violences d’une Invasion assyrienne.

Juda devait également accéder à cette alliance. Joathan, fils d’Osias, qui, depuis plusieurs années, gouvernait en qualité de régent, prit, à la mort de son père, le titre de roi (754-740). Il ne se distinguait point par des vertus éminentes ; il n’était ni entreprenant ni homme d’État, et suivit la même voie qu’Osias. Cependant il parait avoir conservé la paix à l’intérieur ; du moins ne lui connaît-on aucun différend avec le grand prêtre. A l’extérieur, la situation restait telle que l’avait créée Osias : des divisions de cavalerie et des chariots de guerre assuraient la force du royaume ; les vaisseaux de Tarse sillonnant la mer Rouge lui procuraient l’opulence. Joathan fit ajouter de nouvelles fortifications à celles de Jérusalem. Il vécut en paix avec les dix tribus et le roi Phacée ; il semble même qu’un accord plus étroit ait uni les deux princes.

Cette amitié, d’une part, et de l’autre, la formation d’une noblesse avide eurent les effets les plus désastreux pour les mœurs de Juda, surtout à Jérusalem. Par suite de circonstances ignorées, les familles les plus considérables de ce royaume avaient, durant la régence, élevé la tête à tel point que leur puissance dominait presque celle du roi. Les princes de Juda et de Jérusalem avaient le verbe haut, prononçaient dans les affaires les plus importantes, attiraient à eux le pouvoir judiciaire et peu à peu éclipsèrent si complètement la maison de David, qu’elle n’eut plus, en quelque sorte, qu’une ombre de royauté. Il en résulta des maux profonds. Affamés par-dessus tout de s’enrichir, les princes cherchèrent à s’emparer des champs, des vignes ou des troupeaux des habitants de la campagne et à étendre leurs possessions. Peu à peu ils