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les habitants, hommes, femmes et enfants, les femmes enceintes mêmes, et jusqu’à la population limitrophe du territoire de cette ville, puis, cette œuvre de sang accomplie, retourna à Samarie et s’assit sur le trône de Jéhu. Il parait difficile qu’un roi si cruel ait su se concilier les cœurs. — Menahem semble avoir supprimé le culte de Baal, mais en laissant subsister celui du taureau. C’est sous son règne que les dix tribus virent se porter sur leurs destinées la main puissante d’un empire appelé à fermer l’ère de la maison d’Israël.

Si, dans leur répulsion pour des mœurs perverses et sur le conseil des prophètes, les plus sages de cette maison tournaient leurs regards vers celle de Jacob, ils en étaient aussitôt repoussés par le spectacle de faits odieux. Jérusalem, sous Osias, fut le théâtre de luttes intestines sur lesquelles il semblerait qu’on se soit appliqué à jeter un voile. Ce roi n’avait qui un but : accroître la force de ses armes, remplir ses arsenaux. Quant aux intérêts spirituels, ils lui importaient peu, si même ils ne lui inspiraient pas d’aversion. Il dut blesser maintes fois les Aaronides, chose d’autant plus fatale que le bon accord de la royauté et du sacerdoce était ébranlé depuis son aïeul Joas et que l’autorité du roi, quand elle voulait s’étendre sur le temple, se heurtait à celle du grand pontife, également consacré par l’onction. Aussi les dernières années du règne d’Osias virent-elles se produire des collisions entre lui et le grand prêtre Azarias, comme autrefois entre Joas et Zacharie. Le roi s’arrogea la dignité sacerdotale ; un jour il pénétra dans le sanctuaire, un encensoir à la main, et se mit à brûler l’encens sur l’autel d’or, prérogative exclusivement réservée au grand pontife. L’indignation fut grande parmi les prêtres. Azarias accourut arec quatre-vingts d’entre eux, et d’un ton menaçant : Ce n’est pas à toi, Osias, d’offrir l’encens, mais aux prêtres consacrés de la famille d’Aaron ; sors sur-le-champ, car tu commets un sacrilège, qui ne tournera pas à ta gloire.

Ce qui suivit est resté dans l’obscurité. Osias ayant été frappé, dans les dernières années de son règne, d’un mal incurable qui le força de se retirer dans une léproserie, le peuple considéra cette maladie comme un châtiment de Dieu, pour son usurpation des fonctions sacerdotales. Le sacerdoce sortit victorieux de son