Un si hardi langage parut au grand prêtre de Béthel appeler une répression. Amazias le dénonça à Jéroboam, qui, soit indifférence, soit considération pour le prophète, n’avait jusque-là pas voulu sévir. Cette fois encore, le roi semble être resté calme et n’avoir pas inquiété Amos. C’est en son nom sans doute qu’Amazias se borna à lui dire : Allons, va, fuis dans le pays de Juda, mange ton pain et prophétise là-bas, et cesse de prophétiser à Béthel, car c’est le sanctuaire du roi et la capitale du royaume. Mais Amos, sans se laisser troubler, continua : Je ne suis ni prophète ni disciple de prophète, je suis un bouvier et un planteur ; mais le Seigneur m’a dit : Va, prophétise à mon peuple Israël. Et il termina ses menaces de châtiment en accentuant encore l’énergie de ses paroles. Chose remarquable, il ne combattit pas avec la même ardeur les erreurs de Juda et montra une certaine indulgence pour le royaume où régnait la maison de David ; il ne fit qu’indiquer en termes généraux les fautes qu’il le voyait commettre, sans les reprendre en détail ; bien plus, il lui prophétisa une heureuse destinée. Lorsqu’il disait de la maison d’Israël :
- Voilà que les yeux du Seigneur sont fixés sur le royaume pécheur,
- Je le détruirai de dessus la surface de la terre,
il ajoutait :
- Mais je ne détruirai pas la maison de Jacob.
Dans sa vision de nouvelles épreuves réservées au pays, il intercéda pour le royaume de Juda : Je dis : Pardonne donc, Seigneur, car comment Jacob pourra-t-il subsister, lui qui est si petit ? L’état d’affaiblissement où était tombé ce royaume après la mort d’Amazias, et dont il ne s’était pas encore relevé dans les premières années du règne d’Osias, faisait naître la compassion dans le cœur du prophète. Il ne voulait pas augmenter encore le découragement du peuple et de la maison royale et annonça l’union à venir des deux peuples sous le sceptre de la race de David.
A la même époque surgit à Jérusalem un autre prophète, Joël,