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possessions de la maison de David, à commencer par Édom. Ce petit pays s’était affranchi de sa vassalité et un de ses rois s’était bâti sur la cime des monts Séir, hauts de plus de quatre mille pieds, une nouvelle capitale, où l’on ne parvenait que par une sorte d’escalier montant du fond de la vallée. Dans cette ville de pierre (Salâ, Petra), les Iduméens se croyaient en sûreté contre les attaques : Qui pourra me précipiter de la cime jusque dans l’abîme, disait Édom avec orgueil ? Amazias eut la hardiesse de les poursuivre sur leurs hauteurs fortifiées ; il leur livra bataille dans la Vallée de Sel, non loin de la mer Morte, et les défit si complètement que leurs débris s’enfuirent, laissant ouvert devant lui le chemin de leur citadelle. Cette heureuse campagne lui valut sans doute un riche butin ; car Édom était opulent, en bétail et en métaux. Aussi le roi de Juda ne fut-il pas peu fier de son triomphe; mais l’excès de son orgueil le perdit et causa la ruine de son peuple.

Des relations d’amitié unissaient, depuis Jéhu, le royaume d’Éphraïm à celui de Juda et suppléaient à cette alliance intime qui avait lié les maisons d’Omri et de Josaphat. Les deux États avaient un intérêt commun, celui de maintenir dans leur abaissement les adhérents du cuite de Baal et de surveiller leurs rapports avec les peuples idolâtres du voisinage. Joas, roi d’Israël, et Amazias, roi de Juda, étaient dévoués tous deux à la foi traditionnelle. L’un prenait pour guides les prophètes de Jéhovah, l’autre obéis-sait à la loi. C’est ainsi que, par une modération dont on ne saurait trop le louer, Amazias ne vengea la mort de son père que sur ses meurtriers et, contrairement à l’usage barbare du temps, épargna leurs fils. Il est vraisemblable que le grand prêtre ou quelque autre représentant de la loi lui rappela en cette occasion que la loi d’Israël défend de punir de mort les enfants pour la faute de leurs pères, ou les pères pour celle de leurs enfants. De son coté, Joas montrait la plus grande vénération pour Élisée, recourait à ses conseils dans toutes les circonstances importantes ; et lorsque celui-ci, après cinquante années d’activité (900-840), fut au lit de mort, il le visita, pleura sur sa fin prochaine, l’appela à diverses reprises le père et le protecteur d’Israël, et après sa mort se fit raconter par Ghechasi, le fidèle compagnon du prophète, les principaux